Résumé de la 1re partie n Sidi Fredj était né en Andalousie, mais c'est sur la côte algéroise qu'il s'est établi. Comme beaucoup de saints maghrébins, Sidi Fredj venait de Sakiet el-Hamra, au Sahara occidental. Cette partie du Maghreb a été, en effet, une grande pourvoyeuse de saints érudits, depuis que la dynastie almoravide s'y est développée, construisant des monastères où ont été formés de nombreux missionnaires de l'Islam. Cependant, Sidi Fredj n'est pas né au Sahara mais en Andalousie. En cette fin du XVe siècle, l'Andalousie était perdue pour les musulmans. Grenade fut prise en 1492 par les rois catholiques, Ferdinand et Isabelle. Beaucoup de musulmans ont quitté le pays, en direction du Maghreb où ils vont s'installer et participer au développement de villes comme Blida ou Cherchell. Des musulmans, ne voulant pas renoncer à l'Espagne où ils étaient nés, sont quand même restés au péril de leur vie. Ils vont subir toutes sortes de discriminations et de pressions pour quitter le pays. Il y aura aussi des décrets d'expulsion contre tous ceux qui refusaient de se convertir au christianisme. On sait que non contents de persécuter les musulmans d'Espagne, les Espagnols ont commencé à s'attaquer aux côtes maghrébines, puis à conquérir des villes, notamment à l'ouest. Une tentative de débarquement sur la plage des Andalouses, en 1501, échoue. Les Espagnols se retournent alors contre Mers-el-Kébir qui est pris en 1505. En 1509, c'est le tour d'Oran. Plus de 4 000 personnes seront massacrées, sur ordre du cardinal Ximénes qui transformera en églises, deux mosquées de la ville. L'occupation de cette ville devait durer deux siècles. Sidi Fredj a quitté l'Andalousie au cours d'une de ces expulsions. Il s'est d'abord réfugié au Sahara, puis il a décidé de remonter plus au Nord, pour faire sa prédication. Selon la tradition, Sidi Fredj, en arrivant sur la côte turquoise, a été subjugué par la beauté de la nature et son calme qui invitent à la méditation. Les gens, en apprenant son arrivée, accourent pour le voir. La douceur de sa voix, la profondeur de son discours et l'étendue de ses connaissances les subjuguent. — Saint homme, lui disent-ils, nous voulons que tu t'établisses parmi nous ! Il faut dire qu'à cette époque, les érudits et les saints du Sahel préféraient les villes, délaissant les campagnes et les montagnes où pourtant on avait aussi besoin d'eux pour expliquer les principes de la religion. Les hommes et les femmes de la région avaient aussi besoin qu'on leur apprenne les belles manières, la vie rude qu'ils menaient ne leur ayant pas donné l'occasion de les acquérir. — J'accepte de rester, dit le saint. Seulement, il demande qu'on lui obéisse et que chacun fasse un effort pour rendre la vie aux autres plus faciles, que les gens renoncent à la rudesse dans leur comportement comme dans leurs propos. Au demeurant, le Livre de Dieu, qu'il s'apprête à enseigner, n'appelle-t-il pas à la modération et à la tolérance ? (à suivre...)