Sur les remparts de l'amirauté, il y a comme un retour aux grandes prouesses des Raïs chargés de défendre la Mahroussa (Alger). Les colossaux blocs de pierre formant la jetée du môle témoignent d'une longue épopée traversée par des tentatives d'invasion. En 1510, les Espagnols assiègent Alger et bâtirent sur un îlot de la baie d'Alger une forteresse, le Peñón d'Alger, destinée à bombarder la ville et à empêcher son approvisionnement. En 1529, Barberousse détruisit cette forteresse et construisit la jetée Kheïr-Eddine, reliant les îlots à la terre ferme et constituant ainsi le premier abri du port d'Alger. Cette date marque aussi le début de la Régence d'Alger, un régime politique d'inspiration ottomane, qui fit d'Alger la capitale d'une Algérie largement indépendante mais affiliée à la Sublime Porte. C'est ainsi que durant la période de la régence ottomane, les frontières Est (avec la Tunisie) et Ouest (avec le Maroc) furent définitivement tracées. En même temps, une double extrapolation vit le jour. La ville appelée El Djazaïr (Alger et Algérie s'écrivent de la même manière en arabe : El Djazaïr) donna son nom au pays entier et la citadelle perchée en haut de la ville ancienne, appelée la Casbah, donna son nom à la ville. De nos jours encore, Casbah désigne la ville précoloniale. Elle est aujourd'hui classée au patrimoine mondial de l'Unesco. Jardin d'essais : créé en 1832 par Auguste Hardy, sur une superficie de 48 hectares, on y trouve des allées de platanes, de ficus, de dracoenas, de bambous, de chamaerops excelsa (trachycarpus fortunei), de lataniers et de superbes palmiers. Le jardin était surplombé par un Musée des Beaux Arts. Dans un enclos, était le parc zoologique. En 1830, suite à l'affaire dite «de l'Éventail», Charles X envoie un corps expéditionnaire français prendre possession de la ville. Simple raid à l'origine, l'occupation française va se prolonger pendant plus de 130 ans, et marquer profondément la cité qui comptait à peine 30.000 habitants en 1830. Les multiples mouvements insurrectionnels menés sur tout le territoire ont laissé apparaître un long processus de résistance à la colonisation. La révolte de Cheïkh Bouamama, le soulèvement de Mokrani et Fatma N'Soumer ont calqué l'image de toute une nation en gestation. Dans ses plus beaux atours historiques, Alger la blanche nous revient pour nous conter une Iliade bien de chez nous avec en prime les enfants du soleil qui n'ont de cesse contribuer à la récupération du legs des anciens.