…Son dynamisme, sa préparation dans les ouvertures et sa créativité ont eu raison de la maîtrise et la précision de Karpov… En 1983, le challenger Garry Kasparov se qualifie en battant le suisse d'origine suisse Victor Kortchnoï en demi-finale puis le russe Vassily Smyslov en finale du tournoi des candidats. Le match a lieu à Moscou qui n'avait plus organisé de championnat du monde depuis quinze ans (Petrossian-Spassky). Le vainqueur est le premier à atteindre six parties gagnantes (les nulles ne comptant pas). L'arbitre principal du match fut le grand maitre international yougoslave Svetozar Gligorić. Le tenant Anatoly Karpov joue avec les blancs dans les parties impaires. Le match débute le 10 septembre 1984 et est rapidement favorable à Karpov qui mène 4-0 après la neuvième partie. Le match se poursuit par une série de dix-sept nulles avant que Karpov ne remporte un cinquième point dans la 27ème partie. A 5-0, il est à un point du match mais Kasparov obtient sa première victoire sur Karpov dans la trente-deuxième partie. Il suivit une nouvelle série de quinze nulles, d'abord rapides puis de plus en puis disputées. Kasparov renverse la situation en gagnant les quarante-septièmes (avec les noirs) et quarante-huitième parties face à un Karpov visiblement exténué (5-3). INTERRUPTION DU COMBAT À MOSCOU Le match est alors interrompu puis annulé le 15 février 1985 par le président de la FIDE «pour préserver la santé des joueurs». Florencio Campomanes, Président de la FIDE est très critiqué pour une décision prise seul et sans appel. Il semble toutefois que c'est la fédération soviétique d'échecs qui ait suggéré cette solution qui préserve le titre de Karpov. L'agence Tass approuve l'annulation, alors que les médias occidentaux dénoncent un scandale. Ce match pour le titre est le plus long par la durée (plus de cinq mois) et par le nombre de parties (48). Pour les matches suivants, on revient au nombre traditionnel de vingt-quatre parties. La FIDE fait un appel d'offres pour l'organisation de ce match. Devant l'insistance de la Fédération soviétique, Florencio Campomanes choisit Moscou alors que la ville de Marseille avait fait une offre financière plus intéressante. Moscou refuse de s'aligner sur celle-ci. Kasparov n'hésite pas à critiquer sa propre Fédération, celle-ci évitant prudemment à prendre des sanctions à son encontre. REPRISE À MOSCOU Le match est prévu en vingt-quatre parties maximum, à moins que l'un des joueurs n'atteigne six parties gagnantes. Le match se déroule du 3 septembre au 9 novembre 1985. Les arbitres sont le bulgare Maltchev et le soviétique Mikėnas. Kasparov tire les blancs pour les parties impaires. L'issue est favorable à Kasparov, qui remporte le titre par treize à onze. Son dynamisme, sa préparation dans les ouvertures et sa créativité ont eu raison de la maîtrise et la précision de Karpov.Ce match revanche a été prévu dans le règlement du précédent championnat du monde par la FIDE dans l'hypothèse où Karpov perdait son titre. Cette fois, il n'est pas question de jouer à Moscou. Le match se partage entre Londres et Léningrad. L'arbitre était le grand maitre allemand Lothar Schmid. Il se déroule comme le précédent : le vainqueur doit obtenir six parties gagnantes ou le meilleur score à l'issue de vingt-quatre parties. REVANCHE À LONDRES ET À LENINGRAD La première phase se déroule à Londres du 28 juillet au 27 août 1986. C'est le premier ministre anglais Margaret Thatcher qui préside la séance inaugurale au Park Lane Hotel. Karpov tire les blancs pour les parties impaires. À mi-parcours, Kasparov mène deux victoires à une. La deuxième phase a lieu à Léningrad du 5 septembre au 8 octobre 1986. Elle est beaucoup plus animée. Kasparov augmente son avance pour mener quatre victoires à une à l'issue d'une seizième partie d'anthologie. Mais Karpov ne renonce pas et surprend en gagnant les trois parties suivantes, égalisant à 8 - 8. Finalement Kasparov conserve son titre en remportant la vingt-deuxième partie et annulant les autres parties. POURSUITE À SEVILLE Karpov se qualifie pour un nouveau match titre en jeu en battant lors de la super-finale de Linares (février-mars 1987) Andreï Sokolov, dernier prétendant du tournoi des candidats. La rencontre, au meilleur des seize parties, montre un Karpov impressionnant (+4 -0 =7).La finale a lieu au théâtre Lope de Vega de Séville en Espagne du 2 octobre au 19 décembre 1987 selon le même règlement que les précédentes rencontres. L'arbitre est le néerlandais Geurt Gijssen. Karpov tire les blancs pour les parties impaires. Le match n'est pas d'un grand niveau avec beaucoup de fautes de part et d'autre mais le final est spectaculaire et le suspense à son comble. Après vingt-deux parties le score est de onze à onze. Karpov, avec les blancs, gagne la vingt-troisième partie et mène le match quatre victoires contre trois. Il lui suffit d'annuler la dernière partie pour récupérer son titre. Kasparov ouvre la dernière partie par une défense Réti. À court de temps, Karpov joue ses derniers coups avant l'ajournement à un rythme de quatre secondes par coup. À la reprise, Kasparov réussit à trouver la faille et gagne la dernière partie. Il égalise sur l'ensemble du match. Le match nul lui permet de conserver son titre pendant trois ans. RETROUVAILLES À NEW YORK ET À LYON Cette fois, Karpov doit passer à nouveau par la phase finale du tournoi des candidats. Il bat successivement Jóhann Hjartarson en quart, Arthur Youssoupov en demi et Jan Timman en finale. Il est encore impressionnant dans ce match prévu en douze parties en écrasant son adversaire 6,5 - 2,5 (+4 -0 =5).Le match contre Kasparov se déroule en deux phases : du 8 octobre au 7 novembre 1990 à l'Hudson Théâtre de New York puis du 24 novembre au 31 décembre 1990 au palais des Congrès de Lyon. Après la candidature malheureuse de Marseille, une ville française avait obtenu l'organisation d'un championnat du monde grâce aux relations échiquéennes de son maire, Michel Noir. A mi-parcours, le score est d'une victoire partout. La phase lyonnaise est plus passionnante. Après quatre parties nulles, Kasparov prend peu à peu l'avantage et obtient douze points à l'issue de la vingt-deuxième partie. Il est donc sûr de conserver son titre. Les deux dernières parties n'eurent d'intérêt que pour la répartition des sommes en jeu. Karpov gagne la vingt-troisième. En cas d'égalité les gains sont partagés mais une nullité à la dernière partie offre la victoire finale à Kasparov (12,5-11,5).