Karzaï, le mal élu, n'a réussi à convaincre personne. Abdullah Abdullah, le principal opposant au président afghan Hamid Karzaï, estime que la décision de la Commission électorale d'annuler le second tour de la présidentielle, après son retrait, n'est pas légale. Selon lui, un gouvernement qui arrive au pouvoir sans le soutien de la population « ne peut pas combattre des phénomènes comme les menaces terroristes, le chômage, la pauvreté, la corruption e...». Au risque de prolonger la crise politique qui paralyse le pays depuis plus de deux mois, l'ex-ministre des Affaires étrangères qui a accusé la semaine passée la commission électorale d'« incompétence » et de « parti pris » en faveur de M. Karzaï et qui avait demandé avant son retrait, le renvoi de Azizullah Ludin, le chef de cette commission qui a cautionné des bureaux de vote «fantômes» - ils avaient rendu des urnes pleines de bulletins sans avoir ouvert le 20 août - et la suspension de trois ministres qui ont fait campagne pour son adversaire, tourne le dos à l'appel lancé par la communauté internationale à un gouvernement d'union nationale. L'imbroglio électoral afghan n'est pas près de connaître son dénouement. Karzaï, le mal élu, n'a réussi à convaincre personne. Même les talibans le considèrent comme une « marionnette » sans autorité. Selon eux, l'annulation du second tour de l'élection a montré que les décisions concernant l'Afghanistan sont élaborées à Washington et à Londres avant d'être annoncées à Kaboul. « C'est bien dommage de constater que les occupants occidentaux ont dépensé près de 500 millions de dollars pour les élections et tué des dizaines de nos compatriotes pour assurer la sécurité du scrutin, pour au final nommer la même personne, celle qui leur a promis de mieux les servir », ont-ils encore ironisé.