Echéance n Le président sortant, Hamid Karzaï, et son ancien ministre des Affaires étrangères, Abdullah Abdullah, s'affronteront le 7 novembre prochain, lors du second tour de la présidentielle afghane. Ce deuxième tour est rendu nécessaire après l'invalidation de nombreux suffrages suspects en faveur de Karzaï. La Commission indépendante électorale (IEC) a annoncé, hier soir, que l'annulation de bulletins de vote frauduleux ont fait passer M. Karzaï, jusque-là crédité de 54,6% des voix selon des résultats provisoires, à 49,67%, donc sous le seuil des 50% nécessaires pour être élu au premier tour. «L'élection va nécessiter un second tour. Il sera organisé le 7 novembre», a déclaré un porte-parole de l'IEC, chargée d'annoncer le résultat du scrutin, Noor Mohammad Noor. M. Noor n'a pas donné de chiffre concernant le score du Dr Abdullah. «Nous l'annoncerons lors d'une conférence de presse demain (aujourd'hui)», a-t-il dit. Selon une ONG américaine, Democracy International, le score du rival de Karzaï grimperait finalement à 32%, contre 28%, selon les premiers résultats. L'annonce de la tenue d'un deuxième tour, deux mois exactement après le premier, a aussitôt été acceptée par Hamid Karzaï, qui a salué un «progrès pour la démocratie», lors d'une conférence de presse. «Ce n'est pas le bon moment pour discuter des enquêtes, c'est le moment de progresser vers le stabilité et l'unité nationale», a-t-il poursuivi. «J'en appelle à notre nation pour en faire l'occasion de renforcer notre détermination, pour aller de l'avant et participer au second tour des élections», a souligné le président sortant. Son principal rival, Abdullah Abdullah, s'est dit d'accord pour un second tour le 7 novembre, «conformément à la loi», a déclaré à son porte-parole, Sayed Fazil Aqa Sancharki. Lundi soir, la Commission des plaintes électorales (ECC) avait transmis les conclusions de ses enquêtes sur les nombreuses plaintes pour fraude à l'IEC. Les conclusions de l'ECC ordonnent à l'IEC d'annuler un certain nombre de bulletins de vote jugés frauduleux. Depuis le début du processus, les tensions sont fortes entre l'ECC, parrainée par l'ONU, et l'IEC, considérée comme soutenant le Président sortant. Le Président afghan a considérablement assoupli sa position depuis ce week-end, après d'intenses pressions internationales l'appelant à respecter le processus électoral, alors qu'il s'opposait ces dernières semaines à l'idée d'un second tour, selon des sources diplomatiques occidentales. Le Président américain, Barack Obama, a salué l'acceptation du second tour par Hamid Karzaï, évoquant un «précédent important pour la nouvelle démocratie en Afghanistan». Pour autant, M. Obama n'a pas encore décidé s'il prendra une décision sur des renforts en Afghanistan avant le second tour. Le Premier Ministre britannique, Gordon Brown, a estimé que Hamid Karzaï avait ainsi prouvé sa «stature d'homme d'Etat» et ses «qualités de dirigeant». Le Président français, Nicolas Sarkozy, a félicité son homologue afghan, insistant, lui aussi, sur ses qualités d'«homme d'Etat».