La recette du concert de jeudi prochain initié par l'Office Riadh El Feth (OREF) et dont le prix du billet est fixé à 400 DA, sera versée dans son intégralité à la famille du défunt artiste. Un artiste complet et qui a bercé et berce encore les nouvelles générations sur une musique du terroir, inconnue ou méconnue du public jeune. Un belle prouesse qui a fait découvrir et aimer depuis Knedssa (Bechar) aux Algériens des quatre coins du pays une musique millénaire sur laquelle des travaux de recherche ont penché et que Maalem Benaïssa a su faire emboîter le pas de danse. De transe. Disparu prématurément à l'âge de 43 ans, Maalem est un artiste de grand talent. Il est surtout connu comme un technicien hors pairs du goumbri, un instrument ancestral dont il avait percé tous les secrets. Son charisme sur scène et la manière exceptionnelle du gumbri lui ont valu le respect de sa communauté et du public. Benaissa, Ben pour les intimes, est aussi un chercheur inlassable de la tradition et de la culture gnawa en Algérie. Son vœu était de la mettre à la disposition du grand public habitué aux sons venus du Maroc voisin et revendiquer ainsi, haut et fort, la spécificité du diwan algérien qui présente d'ailleurs de multiples variantes. Bechar, est sans aucun doute l'une des étapes déterminantes dans la carrière de Benaïssa. C'est en 1987 qu'il y débarqua sur invitation de Madjbar. Ce dernier habitait à l'époque Kenadsa, une jolie petite palmeraie connue pour son Ksar qui abrite la mosquée de cheikh Sidi Med BenBouziane, le père spirituel de la cité. Accueilli comme un frère dans la famille Benmadjbari, dont l'un des fils, Madjbar s'intéressait à la musique, Benaïssa y demeura plus de deux années. Devenu la coqueluche des jeunes musiciens, Benaïssa s'imposa très vite comme Maâlem Diwan, c'est-à-dire maître de cérémonie Gnawa et gagna peu à peu le respect des anciens Kandsi. Ainsi, il anima plusieurs diwan, parfois chaque semaine, dans des maisons privées. Il est en quelque sorte à l'origine de la renaissance du culte gnawa dans cette région. Benaïssa a voulu étendre son expérience à d'autres genres musicaux très ancrés dans la tradition locale. Cette quête d'innovation le poussa à multiplier les rencontres avec des artistes de différents horizons. Bechar, est une ville de culture, il y avait par exemple, un groupe de rock qui ne chantait qu'en anglais, d'autres formations étaient spécialisées dans le genre marocain, d'autres reprenaient tous les grands classiques orientaux et certains faisaient dans la création comme Alla, un artiste populaire doué d'un immense talent. Avec son luth, Alla compose et joue le Fundou comme Benaîssa manie le Gumbri. La singularité des deux artistes les amena à se rencontrer et se lier d'amitié. La fusion entre le luth et le gumbri fut magique, malheureusement, aucun enregistrement professionnel ne témoigne de cette rencontre. D'autres rencontres sont à signaler comme celle avec le groupe Essad aujourd'hui disparu, les membres de la troupe El-Farda bien avant la reprise, le groupe El-Gaâda de Bechar avant sa constitution, Cheïkh Hadj Tiouti…