Un concert en hommage au maître de la musique gnawi, Maâlem Benaïssa, a été donné, jeudi dernier en soirée, à la salle Ibn-Zeydoun (Oref). Organisée par le ministère de la Culture, plusieurs artistes issus de l'univers gnawi ont pris part, avec des chansons, à cette manifestation. C'est en présence de la famille du défunt que le spectacle a commencé par la projection d'une séquence du documentaire Gnawittitude, où le public a pu découvrir Maâlem Benaïssa, muni de son légendaire guembri, dans un studio d'enregistrement à Roubaix, en duo avec DJ Balaoun en 2005. Ensuite, place au show, le premier artiste à se produire est Mohamed Rouan qui s'est illustré dans la musique Casbah Jazz. En effet, le musicien au mandole a fait un exploit exceptionnel en interprétant un morceau avec une arche. “Cela est une première et j'aimerais faire connaître ma musique dans le monde et je prépare un nouvel album (Le cimetière des surdoués) pour 2010”, a-t-il déclaré. Avec un style propre à lui, l'artiste réalise des merveilles avec son instrument. Il produit des sons jazz-gnawi en passant par le chaâbi. Mais la plus grande surprise de cette prestation fut l'entrée en scène du petit Fayçal, âgé de 9 ans. Il a accompagné les musiciens de Mohamed Rouan à la derbouka, ce qui a émerveillé toute la salle, surprise de voir un petit garçon aussi talentueux. Malgré le trac flagrant sur son visage, cela ne l'a pas empêché d'être aussi talentueux que les autres membres du groupe. “C'est un surdoué, il n'a jamais pris de cours. Il ne savait même pas qu'il allait participer au concert. C'était une surprise”, a déclaré Mohamed Rouan. Le Casbah Jazz est une sorte de musique spirituelle, très apaisante, qui transporte l'esprit vers d'autres cieux et donne un bien-être exquis. À la fin de la représentation de ces artistes, le public, dans un élan unanime, a applaudi et le petit Fayçal a eu son quart d'heure de gloire, digne d'une grande star. Le deuxième artiste présent pour cet hommage était Joe Batoury, qui avait demandé une minute de silence à la mémoire de Maâlem Benaïssa. Vêtu de blanc et muni de son guembri, le chanteur a interprété une composition du terroir gnawi. Juste après, le groupe Ouled Hawssa (composé de six musiciens au karkabou et du chanteur au guembri), a fait son entrée sur les planches.La plupart sont des amis du défunt artiste. À ce moment-là, le public, en majorité des étudiants et des amateurs du diwan, des chèches autour du cou, était complètement transporté, il était en transe, les corps vibraient aux sons des instruments comme s'ils étaient possédés. À peine le temps de reprendre leur place et Africa Influence fait son entrée sur scène. Allumant le feu, le groupe était accompagné, au chant, par un certain Chakib, un élève de Maâlem… Comme toute chose a une fin, la clôture de cet hommage est revenue au groupe Harmonica qui a fait un carton ! La foule était en délire, frisant la folie. Cette consécration rendue à Maâlem Benaïssa est un devoir car il est considéré comme une légende. Décédé le 7 novembre 2008, il était le leader du groupe Gnawa Diwan Dzaïr. Bercé par la musique gnawi depuis son plus jeune âge, il faisait partie de la famille diwan. Maître dans l'art de manier le guembri et initié par son père, sa devise était la persévérance et le respect des ancêtres dans le travail. Ce concert fut une réussite pour les amateurs de la musique sahraouie et une belle initiative envers la famille Benaïssa. Hana Menasria