«C'est le gouvernement des contradictions qui porte en son sein les germes d'une explosion», prévient le Journal As Safir, proche de l'opposition. Saâd Hariri, le Premier ministre libanais, a présidé hier son premier Conseil des ministres au Palais de Baâbda. Axé sur la désignation des membres du comité de rédaction de la déclaration ministérielle, ce conseil inaugural visait surtout le vote de confiance au Parlement qui a attendu ce gouvernement d'union nationale depuis cinq mois. Les sujets hyper épineux, tels que les armes du Hezbollah, ont été laissés à la table de dialogue à laquelle participe l'ensemble des leaders politiques depuis 2006. Formé de 30 ministres (15 de la majorité, 10 de la minorité et 5 désignés par le président Michel Sleimane qui est appelé à jouer un rôle d'arbitre), ce nouveau cabinet peut se targuer d'une nouveauté : aucun camp n'a le droit de veto. Hariri a appelé à «la coopération» en vue d'un «pouvoir exécutif efficace» et le porte-parole de l'opposition, Michel Aoun, qui a obtenu cinq portefeuilles dont celui de la Communication a jugé qu'«il n'y a ni gagnant ni perdant dans l'affaire». Néanmoins d'autres se sont montrés pessimistes évoquant un cabinet de désunion ou craignent un processus stérile. « C'est le gouvernement des contradictions qui porte en son sein les germes d'une explosion», prévient le Journal As Safir, proche de l'opposition, citant un participant à la formation du gouvernement. Ceux qui soutiennent la majorité parlementaire craignent la réédition du scénario de 2008 lorsque les blocages politiques et la paralysie des institutions libanaises avaient dégénéré en des combats armés à Beyrouth et dans plusieurs autres villes du pays, faisant une centaine de morts. Les menaces israéliennes n'ont pas été écartées ni par l'opposition ni par le nouveau Premier ministre qui a insisté lors de son discours sur la nécessité de les affronter et d'affirmer le droit du Liban à récupérer son territoire et protéger sa souveraineté nationale.