Le général Moumouni Boureima, est sorti vendredi, pour la seconde fois en une semaine, de sa réserve. Le président Mamadou Tandja, 71 ans, qui a, obtenu le 4 août dernier, par référendum, une rallonge de trois ans pour rester au pouvoir, et, dissous en mai et en juin le Parlement et la Cour constitutionnelle, persiste et signe. Comme si le général Abdulsalami Abubakar, l'ancien chef d'Etat nigérian, ne tente pas depuis lundi à Abuja de trouver une issue à la crise politique dans laquelle le Niger est plongé depuis des mois au nom de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest, comme si l'Union européenne qui a suspendu son aide ne lui a pas donné un mois pour ouvrir des « consultations » avec son opposition pour un retour à « l'ordre constitutionnel », Tandja laisse Moumouni Hamidou, le patron de la Commission électorale indépendante (CENI), installer les 112 députés sur les 113 que compte le Parlement, issus des législatives très controversées du 20 octobre dernier et repousse d'une semaine l'élection du président de la nouvelle assemblée. Officiellement le temps de rédiger un règlement intérieur conforme à la Constitution adoptée le 4 août et de trouver un compromis sur un « nom » : le Mouvement national pour la société de développement (MNSD, 76 élus) doit avoir l'aval des cinq autres formations qui siègent avec lui au pouvoir. Réellement le torchon, qui brûle encore entre la majorité et l'opposition, fait peur. Loin de s'éteindre, ce feu, qui dure, donnerait des peurs aux responsables de l'Armée. Marquée par une forte tradition putschiste, la Grande Muette, qui a réaffirmé en juin dernier sa neutralité et renvoyé pouvoir et opposition dos à dos en les appelant à « l'apaisement et la concertation », serait l'objet depuis peu d'un pressing des partisans d'un retour à la Ve République et ceux qui sont déjà en 6VI république. Ce n'est nullement un hasard si le chef d'état-major des armées nigériennes, le général Moumouni Boureima, est sorti vendredi, pour la seconde fois en une semaine, de sa réserve pour mettre en garde ses hommes contre « une remise en cause des institutions » du pays.