Le président nigérian Umaru Yar'Adua et des ex-dirigeants du Mend (Mouvement d'émancipation du Delta du Niger) Henry Okah et Farah Dagogo ont ouvert samedi soir de nouvelles négociations qui ont été vraisemblablement fructueuses. Elles «marquent le début d'un dialogue sérieux et sincère en vue du règlement des problèmes fondamentaux qui ont longtemps été dissimulés», selon un communiqué du Mend. Ce mouvement qui réclame un meilleur partage des ressources pétrolières de la région du Delta du Niger a revendiqué ces trois dernières années des attaques qui ont limité la production nigériane aux deux tiers de sa capacité, soit un manque à gagner d'un milliard de dollars par mois. Le président Yar'Adua a offert l'amnistie en juin dernier. Plus de 15 000 rebelles ont déposé les armes pour profiter de la récompense financière alors que le Mend a décidé à la fin du mois dernier de prolonger son cessez-le-feu en vue de nouvelles négociations. De leur côté, les autorités nigérianes ont annoncé qu'ils envisagent d'accorder 10% dans les joint-ventures pétrolières et gazières au bénéfice des habitants de la région pétrolière. Ils ont également entamé, jeudi dernier, des discussions avec les multinationales pétrolières opérant dans le pays pour modifier la loi de réforme du secteur des hydrocarbures. Mais les réformes de Yar'Adua ne se limitent pas à ce secteur. Elles englobent aussi la corruption. Le prix Nobel de littérature 1986 Wole Soyinka qui a assisté à la rencontre de samedi avec les dirigeants du Mend, préconise une action positive du peuple pour sauver son avenir et sauver le navire de l'Etat de la mauvaise gouvernance de l'élite, qu'il a également accusée de trahison. « L'intégrité électorale engendre l'intégrité de la gouvernance », a-t-il dit lors d'un rassemblement. Dans une attaque à peine voilée, il a accusé l'ex-président Olusegun Obasanjo d'être la cause des difficultés actuelles du Nigeria.