Condition n Les insurgés préviennent qu'ils reprendront les armes si le chef de l'Etat ne tient pas ses promesses. Ils ont accepté une offre d'amnistie gouvernementale et déposé les armes, hier. Farah Dagogo, un haut commandant du Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend), principal groupe armé de la région du delta du Niger, a déposé les armes, à quelques heures de l'expiration de l'amnistie offerte par le gouvernement aux rebelles qui, depuis trois ans, s'en prennent régulièrement aux intérêts pétroliers du pays. «Nous rendons toutes les armes qui sont sous notre contrôle direct», a indiqué Farah Dagogo à Port Harcourt, capitale de l'Etat de Rivers, affirmant parler également au nom des commandants de cet Etat. Ateke Tom, chef du Niger Delta Vigilante, groupe armé formé de membres de l'ethnie Ijaw, et environ 5 000 de ses hommes, ont remis des centaines d'armes au cours d'une cérémonie dans la même ville. Un troisième commandant rebelle, Government Ekpemupolo, connu sous le nom de Tompolo, a, lui aussi, accepté l'offre d'amnistie à l'issue d'une rencontre avec le président nigérian, Umaru Yar'Adua, plus tard dans la soirée. Bien qu' allié au Mend, Tompolo dirige la Fédération des communautés Ijaw du delta du Niger (FNDIC), basée dans la ville de Warri. Confronté à une chute brutale de la production pétrolière du fait des sabotages d'installations et des enlèvements d'expatriés, Yar'Adua s'est résolu en juin dernier, après avoir tenté l'option militaire, à offrir une amnistie aux groupes armés qui affirment agir pour une plus juste répartition de la manne pétrolière en faveur des populations pauvres de la région. Les violences ont fait chuter la production de brut du Nigeria de 2,6 millions de barils par jour (mbj) en 2006 à 1,7 million actuellement. «Moi et mon peuple nous acceptons l'offre d'amnistie. Je vais travailler avec le président pour que les rêves de ce pays deviennent réalité», a assuré Tompolo à l'issue de sa rencontre avec le président. «Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que notre terre soit une source de paix et de développement et non une cause de crise. Je lance un appel ce soir pour que notre eau et notre pétrole soient une bénédiction et non une malédiction», a affirmé Yar'Adua. Néanmoins, en déposant les armes, Ateke Tom a prévenu que ses combattants «retourneraient dans les criques» et reprendraient leurs attaques si les autorités ne tenaient pas leur promesse de développer la région. Le Mend a rejeté l'amnistie comme une mascarade. «Le dialogue conduira à un règlement juste et à la paix, pas le processus de désarmement frauduleux actuellement en cours», avait estimé, lundi, son leader présumé, Henry Okah, ajoutant que la violence était «loin d'être terminée».