Le président nigérian a rencontré, samedi, d'anciens chefs du groupe armé du Mend ainsi que des négociateurs pour résoudre la crise dans le delta pétrolier du Niger, a-t-on appris hier de source officielle. Selon le porte-parole présidentiel Olusegun Adeniyi, les ex-dirigeants du Mend (Mouvement d'émancipation du delta du Niger) Henry Okah et Farah Dagogo, ainsi que le prix Nobel de littérature 1986 Wole Soyinka, ont notamment participé aux entretiens. De son côté, le Mend a, dans un courriel à la presse, qualifié ces entretiens, qui ont duré “plus de deux heures”, de “francs, cordiaux et utiles”. Cette réunion “marque le début d'un dialogue sérieux et significatif entre le Mend et le gouvernement pour résoudre les problèmes de fond qui ont été longtemps glissés sous le tapis”, ajoute le groupe armé, qui avait décrété un cessez-le-feu illimité à partir du 25 octobre dernier pour “encourager le dialogue” avec le gouvernement. Selon M. Adeniyi, le président Yar'adua a “profité de ces entretiens francs et fructueux pour réaffirmer son engagement pour une paix globale et le développement du delta du Niger”. Le 19 octobre, Umaru Yar'Adua s'était entretenu une première fois avec le chef du Mend, Henry Okah. Henry Okah a été libéré en juillet après avoir accepté l'amnistie proposé en juin dernier par le président. Il avait purgé une peine de 20 mois de prison après avoir été condamné pour trahison et possession illégale d'armes. Les attaques du Mend et des groupes armés ont fortement entamé les exportations de pétrole du Nigeria, passées au cours des trois dernières années de 2,6 à 1,7 millions de barils par jour. L'une des demandes phares du Mend est qu'une plus grande part des milliards de dollars générés par le pétrole et le gaz extraits des neuf Etats de la région du delta bénéficie directement aux populations locales. Selon la Constitution de 1999, toutes les richesses naturelles, dans quelque Etat de la fédération qu'elles se trouvent, appartiennent de plein droit à l'Etat central. Pour Henry Okah, et même si actuellement 13% des recettes pétrolières sont reversés à la région de production, cette loi “a légalisé le vol par l'Etat” des richesses du delta, qui procure 90% des rentrées en devises du Nigeria. Dernièrement, les autorités ont proposé d'allouer directement 10% supplémentaires des revenus pétroliers aux populations locales des Etats du Delta, une idée qui doit toutefois être encore approuvée par le Parlement, ce qui est loin d'être acquis.