Le premier festival international de l'art contemporain d'Alger vient d'ouvrir ses portes. Il fait découvrir une facette de l'art, devenue une réalité dans le monde d'aujourd'hui. De artistes invités des cinq continents participent à cet événement. Le festival a commencé par deux jours d'étude. Les questions relatives à l'exercice et au développement des arts plastiques ont été débattues. Les échanges d'expériences ont été fructueuses entre des sensibilités venues des quatre coins du monde, de Chine, d'Iran, du Mexique, du Chili, de Palestine, des pays d'Afrique, du Moyen Orient, d'Europe et du Maghreb. Les idées débattues se sont fixées et concrétisées dans des tableaux et des installations, puisque chacun est venu participer avec ses œuvres. Une exposition, montée dans les espaces du musée national des arts modernes et contemporains, reflète les ambitions de ce festival international. Cette exposition a lieu sur trois niveaux. Trois volets se distinguent par leurs éléments, il s'agit de l'exposition de tableaux dans leur architecture classique, la présence d'objets et celle de studios de projection. Les artistes ont déployé leur meilleur sens de la création, débarrassée de contraintes imposées. Ils ont surtout fait preuve d'une grande originalité. Trois jeunes Algériennes, Yasmina, Kahina et Yasmine résument les impressions des visiteurs en déclarant «Nous assistons à un redéploiement universel de l'art. La création artistique classique s'inspire de valeurs bourgeoises. Aujourd'hui, avec l'avènement de l'art contemporain et la liberté d'expression qu'elle engendre dans la forme et le fond, la création s'élargit aux facettes douloureuses de la vie en société, les maladies, les guerres, les violences». Ce sont ces aspects qui alimentent le plus les thèmes et les sujets d'inspiration des artistes d'aujourd'hui, contrastant avec le bien être et les facilités mis en lumière par le progrès et le développement des techniques. C'est ainsi qu'une artiste marocaine expose un objet en forme de marmite sur pression extrême, suggérant le monde près à exploser. Un Palestinien ironise sur les conditions insupportables infligées par l'armée israélienne dans les points de contrôle. Les images retenues sont insoutenables. Un artiste algérien imagine la mer sous divers aspects, calme ou tumultueuse, des rames bien en vue. Un Egyptien déplore que la culture de son pays ne soit vue uniquement que par le biais de la civilisation des Pharaons. Un artiste sud africain fait découvrir le spectacle hideux de l'univers de la drogue. Le côté esthétique et riant de cette imposante exposition existe aussi. Il est marqué par la présentation d'œuvres purement esthétique dans le genre contemporain, comme le magnifique tableau grand format d'un artiste du Chili ainsi que les œuvres remarquables d'un participant mexicain retraçant l'identité culturelle de son pays. Cette grande exposition est réalisée dans les critères des standards internationaux. C'est ce qui explique la longue durée qui lui est réservée, de novembre à février. Parmi ces critères, il faut relever le nombre important de studios vidéo. Ils en comptent une vingtaine réparties, sur les trois niveaux. Les artistes qui ont choisi cette forme de support de leurs œuvres ont eux même participé au montage et à l'installation. Ce qu'il faut souligner, c'est l'agréable ambiance et le haut sentiment de fraternité qui a régné entre les artistes participants, jeunes pour la plupart. Les Egyptiens notamment, au nombre de trois, ont été entourés de soins et d'attention. Pour la visite de cette exposition le musée est ouvert tous les jours sauf le vendredi. Une affluence nombreuse est constatée avec une moyenne de deux cents visiteurs quotidiennement.