Il pourrait être le prélude à un débat sur l'identité comme en France ou sur le droit de vote et le plafonnement des indemnités-chômage pour les immigrés comme en Italie Les suisses ont tranché hier par référendum sur l'initiative anti-minarets de l'Union démocratique du centre (UDC / droite conservatrice) et de l'Union démocratique fédérale (UDF/droite chrétienne). Cette interdiction d'un symbole d'un islam conquérant selon ses auteurs eu 57%de voix, loin des 37% seulement de oui donné par le sondage publié le 18 novembre. Combattue par le Conseil fédéral (gouvernement), le Parlement et tous les autres partis helvètes – à gauche comme à droite – au nom des libertés religieuses et des droits de l'homme- cette initiative qui a suscité une vive polémique en Suisse et même en Europe, ne manquera pas d'écorner l'image du pays à l'étranger dans les prochains jours. Parti en guerre depuis avril 2007 contre les édifices islamiques, l'attelage extrémiste semble avoir gagné sa Guerre des minarets en « déposant » à l'ombre de ces derniers, durant la campagne où il n'a pas reculé devant les moyens de propagande, un racisme primaire. L'une des affiches utilisée par l'UDC représente une femme en burqa noire, entourée de minarets transperçant le drapeau suisse. La Commission fédérale contre le racisme (CFR), un organisme public consultatif, a dénoncé cette « sinistre » image qui «attise la haine». Les 400.000 musulmans qui vivent en Suisse et qui ont 150 lieux de prière et quatre mosquées disposant d'un minaret dont aucun ne sert pour l'appel à la prière du muezzin, auront-ils à subir dès la modification de l'article de la constitution sur la liberté religieuse, les affiches appelant les Européens à bouter les « moutons noirs » étrangers hors de Suisse ? Fort possible. Le vote d'hier, le premier dans un pays européen sur la visibilité de l'Islam, les caricatures danoises, le film anti-Coran de Geert Wilders, le député d'extrême-droite qui soulève l'inquiétude aux Pays-Bas, ne relance pas seulement le débat en Europe sur quelle place donner à l'islam dans les sociétés occidentales. Il pourrait être le prélude à un débat sur l'identité comme en France ou sur le droit de vote et le plafonnement des indemnités-chômage pour les immigrés comme en Italie.