Les lendemains de défaite du régime des « baltadjias » et des casseurs sont durs à vivre. Le temps est désormais compté pour la dynastie finissante des Moubarak, politiquement et moralement discréditée par le scandale du Caire et totalement isolée dans la scène internationale révulsée par la campagne haineuse et propagandiste des Pharaons voulant par n'importe quel moyen valider le ticket Gamal par une hypothétique consécration sud-africaine. Le piège odieux du Caire s'est irrémédiablement fermé sur l'oligarchie politico-financière en panne de succession et d'alternative crédible. Dans un pays assailli par le poids pharaonique de la pauvreté qui touche prés de 23% de la population (70% de la Haute Egypte), de l'analphabétisme inflationniste (51%), de la malnutrition (1/3 des enfants) et de l'endettement (le plus endetté d'Afrique avec 30 milliards de dollars). La perte de près de 87% de la valeur de la livre égyptienne par rapport au dollar et la dégradation continue du pouvoir d'achat (25%) générant les émeutes de la faim violemment réprimées, la survie du régime dynastique, inféodée à l'aristocratie financière, repose essentiellement sur la transmission du pouvoir aux nouvelles élites d'affaires dont Ala'a Moubarak, discréditée par les poursuites judiciaires en raison de son implication des dossiers de corruption dans des marchés publics et de privatisation, et le sulfureux Gamal constituent les dignes représentants. L'Egypte des affaires, présentant la face hideuse de l'enrichissement des Al Moubarak (une fortune estimée selon des sources à 40 milliards de dollars) tranche nettement avec le niveau d'endettement (30 milliards de dollars) considéré comme étant l'un des plus élevés en Afrique, la régression de la classe moyenne et l'appauvrissement des larges couches des démunis. L'impasse est structurelle pour la dynastie des Moubarak en perte d'équilibre. Outre la corruption, érigée en mode de gouvernance, la répression systématique de «Etat policier» des « baltadjias » veille à étouffer dans l'œuf toutes velléités de contestation politique et sociale. Dans un rapport transmis à l'ONU et publié jeudi, 16 organisations non-gouvernementales égyptiennes ont stigmatisés « les prérogatives de l'appareil de sécurité » qui « joue un rôle central dans tous les domaines de la vie publique…dans un climat d'impunité créé intentionnellement. Les ONG citent, en conséquence, le cas des 12 à 14.000 personnes actuellement détenues, dont certaines depuis 15 ans, sans avoir été inculpées ou jugées. L'image idyllique d'«Oum Dounia » tracte l'échec intégral de l'Egypte des Al Moubarak et, in fine, le cauchemar social passablement éludé par le leurre évanescent du Caire. Une fin de règne pour une pitoyable sortie de l'histoire. L'entrée en lice du prix Nobel de la paix, l'ancien directeur de l'AIEA, Mohamed El Baradeï, prépare la voie la voie au changement démocratique conditionné par l'exigence des « assurances d'équité » et de régularité garanties par la participation d'un « organisme national indépendant » et la présence des observateurs onusiens. La carte El Baradeï, brandie par le parti libéral El-Wafd, s'intrerprête comme une fin de non recevoir à la succession héréditaire toute à la gloire de Gamal et invite à une recomposition du champ politique aux couleurs du Pnd omnipotent. La brèche électorale, ouverte par l'effet d'annonce de la candidature de Baradeï, est en soi un coup sévère porté au dispositif hermétiquement fermé qui impose aux candidats la qualité de membre, pendant au moins un an, d'une instance dirigeant fondée depuis 5 ans. A l'hégémonisme institutionnel, la pluralité des candidatures, ouvertes aux personnalités influentes tel le général Souleymane et le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, autorise une compétition ouverte à même de réhabilité l'Egypte de la dignité et de la crédibilité en phase avec les défis de l'alternance et de la démocratisation dans la région.