L'ancien patron de la pusisante AIEA entend fédérer l'opposition pour partir à l'assaut du trône des Al-Moubarak. Au Caire, la dynastie finissante des Al-Moubarak s'affole. Outre les retombées de la maladie du Raïs, la disgrâce sonne au porte de la vieille garde usée jusqu'à la semelle et contestée par une frange de la population livrée à la vie miséreuse et aux pires fléaux de la régression chronique : l'analphabétisme et le chômage inflationniste. Mais, elle vaut davantage par la forte mobilisation de l'opposition, toutes tendances confondues, qui se reconnaît dans l'alternative El Baradeï. Il y a 5 jours, une manifestation, regroupant des militants du mouvement du « 6 avril », institué en 2007, et des composantes de l'opposition, a été durement réprimée. Le climat politique est tendu et préfigure des tensions grandissantes. «Nous entrons dans une nouvelle ère», constate Ahmed Seïf, le directeur de l'association d'aide juridique Hisham Mubarak Law Center. Il estime que « jusqu'à l'élection présidentielle, nous assisterons à un durcissement de la répression, aux arrestations arbitraires et les droits seront davantage bafoués». Le front des présidentielles s'enflamme et inquiète les plus fidèles alliés de Moubarak. La caravane El Baradeï est lancée. Elle structure une convergence fondée sur la nécessité de réformes constitutionnelles et démocratiques en dépassement de l'impasse créé par le règne dynastique et l'autocratie au bout du rouleau. L'espoir de changement est porté par la symbiose entre le «noyau dur de la société égyptienne», selon la formulation de l'un des porte-parole de l'Assemblée nationale pour le changement, Georges Ishaq, et la figure de proue qui se veut « un instrument du changement ». A contrario d'un Ayman Nour, gratifié de 7,6% aux dernières présidentielles et jeté en prison « pour fraudes et falsifications de document», l'ancien patron de la puissante AIEA entend fédérer l'opposition pour partir à l'assaut du trône des Al-Moubarak. Le nouveau combat d'El Baradeï réside dans sa volonté inébranlable de restaurer la démocratie et la justice sociale. Fort de son prestige international et de sa popularité, le profil de l'homme est riche d'une expérience et d'une crédibilité reconnue dans le monde. Il revient pour « se battre pour son pays et son peuple en sachant qu'il devra en payer le prix », précise l'auteur du best-seller « l'immeuble Yacoubian. Face aux attaques du pouvoir, il reste de marbre. «Je ne dois rien au régime actuel». Il rappelle aussi que «quand le groupe africain a posé ma candidature à l'AIEA, l'Egypte a fait campagne contre moi».