Photo: Horizons. Secteur névralgique s'il en est, le tourisme connaît ces dernières années un essor considérable à Tamanrasset, à la faveur de la nouvelle politique touristique adoptée par notre pays. Point n'est besoin d'être spécialiste en la matière pour le confirmer. Une tournée à travers le chef-lieu de wilaya ou une virée à l'aéroport de Tam, ville distante de près de deux mille kilomètres d'Alger, suffit de convaincre les plus sceptiques. Dès le mois d'octobre, les touristes étrangers arrivent céans par petites grappes. Cependant, la période allant de novembre à janvier enregistre une affluence remarquable. D'aucuns s'accordent à dire que le nombre de visiteurs qui se rendent dans cette contrée enchanteresse augmente sans cesse au grand bonheur des commerçants, mais aussi, et surtout, des voyagistes à la recherche de clients potentiels. Ville aux traditions touristiques et culturelles depuis longtemps établies, la capitale de l'Ahaggar accueille à bras ouverts ses hôtes, d'où cette osmose extraordinaire. Plusieurs facteurs, faut-il le dire, ont contribué au développement du tourisme dans cette wilaya, dont l'accueil chaleureux des riverains, le travail accompli par les agences de voyage et l'Office national algérien du tourisme qui contribuent à faire connaître davantage le patrimoine culturel local, en plus, bien entendu, des atouts naturels dont la providence a pourvu cette contrée d'extrême sud algérien. LA BONTÉ DES RIVERAINS, UN ATOUT MAJEUR Retraité, George, de nationalité belge, affirme être subjugué par les sites touristiques dont regorge Tamanrasset, mais surtout profondément touché par la politesse et la bonté des habitants. Il dit franchement être « émerveillé autant par la sollicitude que de la bonté spontanée lue dans le regard des gens ». Il y a quelques mois, lorsque son ami lui proposa de visiter l'Algérie, il avoue avoir eu « quelque appréhension ». Mais réflexion faite, il a pris la décision de venir voir de ses propres yeux ce vaste territoire qu'il n'a jamais foulé auparavant. Surprise et étonnement ! Ce qui s'écrivait outre-mer sur l'Algérie, dit-il, n'était pas authentique, comme ne l'ont jamais été les auteurs de ces balivernes. Tout compte fait, il regrette de n'avoir connu de notre pays que ce qu'une certaine presse écrit. «Une fois arrivé en Algérie, j'ai découvert qu'étaient bobards et mensonges, servis pour tromper l'opinion publique, tout ce que j'ai lu dans la presse. Finalement, je découvre un beau pays, un peuple attachant et chaleureux », reconnaît-il. D'ailleurs, il n'est pas seul à avoir le sentiment d'être berné. En effet, comme lui, plusieurs touristes abordés par nos soins admettent avoir été menés en bateau par certains journalistes qui ne parlaient de notre pays que pour l'enfoncer en lui collant toutes les tares et les choses négatives imaginables. Mais après avoir mis les pieds sur le sol algérien, ils confessent être tombés sous les charmes du sud, la bonté et la sagesse de la population. Le calme olympien du désert, dit-on, se déteint sur le caractère des gens d'ici, souvent placides et zens. George soutient que ce qui l'a frappé dès son arrivée, c'est incontestablement le tempérament « calme » des citoyens qu'il a rencontrés. Contrairement aux Européens, stressés, souligne-t-il, « ceux avec qui j'ai discuté ici m'ont étonné par leur flegme. C'est normal, m'a-t-on expliqué, puisque ces derniers se nourrissent à la source de la sagesse ». « LA MECQUE » DES TOURISTES ÉTRANGERS L'on estime à juste titre que Tamanrasset est en passe de devenir la « Mecque » des étrangers, si l'on tient compte du nombre de plus en plus croissant de touristes qui y affluent en cette période automnale. Au centre-ville, on peut reconnaître les touristes à la manière dont ils se vêtent. Généralement, ces derniers se mettent en tee-shirts et bermudas, se promènent en petits groupes de quatre à six personnes. Et, visiblement émerveillés par des panoramas extraordinaires, ces derniers se baladent à travers les méandres de la ville aux mille facettes. Mais lorsque, par mégarde, quelques-uns se fourvoient dans les dédales des vieilles habitations aux façades orbes, couleur ocre tavelée, ils rebroussent chemin de peur d'être perdus. C'est ce qui est arrivé à quatre Allemands qui, las de ne s'être pas fait comprendre, se sont adressés à votre serviteur pour les orienter. Ce genre de situation arrive souvent, et pour éviter la survenue de pareilles anicroches, des guides, moyennant rémunération, sont proposés pour accompagner les touristes. Par ailleurs, avides de tout ce qui représente la culture locale, en quête d'exotisme, les touristes achètent vêtements traditionnels, chaînes, boucles d'oreilles, bracelets en argent. La cinquantaine bien entamée, Véronique dut faire toutes les boutiques pour pouvoir acheter une chaîne en argent pour sa fille qui n'a pas pu venir avec elle pour une raison professionnelle. Difficile de faire le choix, reconnaît-elle. Après maintes hésitations, elle finit d'acheter une chaîne qu'elle offrira à sa fille, une fois rentrée en France. Rencontré au centre-ville, François affirme se rendre ici en famille chaque année, en particulier en hiver. Et pour cause, cet adepte du calme, de méditations et du désert, ce Français de souche connaît cette région jusqu'aux petits recoins. Ici, la présence quasi-régulière des touristes étrangers a permis la naissance de liens indéfectibles. En effet, nous informe-t-on, il existe des touristes européennes qui entretiennent d'excellentes relations avec des habitants de la région. Certaines ont épousé des Algériens. C'est le cas de cinq Suissesses. Abdellah affirme qu'il connaît cinq Suissesses qui se sont mariées avec des jeunes de son quartier à Sersouf. Au début, raconte-t-il, ces jeunes filles entretenaient des relations amicales avec leurs époux. Mais avec le temps, elles ont fini par les épouser et vivent actuellement en Suisse. A l'heure de la mondialisation galopante, le tourisme, sous toutes ses formes, sert de passerelle entre les peuples. 6500 TOURISTES ENREGISTRÉS Le directeur intérimaire au niveau de la direction du tourisme de Tam affirme que quelque 6500 touristes étrangers sont enregistrés par les services des douanes et ce, depuis le début octobre à ce jour. Ce chiffre est appelé à une hausse certaine puisque l'on n'est pas encore en haute saison qui enregistre l'arrivée, en grand nombre, de touristes étrangers. Les visiteurs d'outre-mer viennent notamment de France, d'Italie, d'Allemagne et de Suisse. Le même responsable précise que si les visiteurs étrangers se rendent à Tamanrasset, notamment en quête de merveilles que recèle cette région pittoresque, il reste que le réveillon, pour ces derniers, est un moment de répit, un recueillement à vivre entre amis, loin des vacarmes des grandes villes européennes. Majoritairement âgés, les touristes étrangers qui visitent le sud algérien aiment la quiétude et le pourpre du coucher du soleil en ces contrées désertiques. Notre interlocuteur souligne que ce grand afflux n'est pas le fruit du hasard, bien au contraire. Il reconnaît que ce sont les quelque 78 agences de voyages privées et l'Office national algérien du tourisme qui font à longueur d'année un excellent travail qui permet de faire connaître les potentialités touristiques nationales. Dans ce cadre, explique-t-il, les propriétaires des agences en question distribuent des prospectus à travers les villes européennes. En matière d'infrastructures d'accueil, Tamanrasset, convient-il de souligner, dispose de huit hôtels, dont deux étatiques, à savoir Tahat au chef-lieu de wilaya, et Tidikelt à In Salah ainsi que seize campings. Classées deux étoiles, les six autres infrastructures hôtelières appartiennent aux particuliers qui ont investi dans ce créneau porteur. Pour rappel, l'année dernière, 557.000 touristes étrangers ont visité l'Algérie. Même si le secteur commence tant bien que mal à faire sa mue, le tourisme doit davantage être pris en charge par les autorités concernées pour qu'il retrouve son lustre d'antan.