Ph. : Slimene S. A. Le maître incontesté du rap algérien, Lotfi Double Canon a donné un concert, vendredi au Théâtre de plein air du Casif de Sidi Fredj. Dès les premières heures de la soirée, une file interminable de jeunes faisaient le pied de grue devant le portail de cet édifice, histoire d'être les premiers à s'accaparer des gradins. La première partie du concert a été assurée par quatorze jeunes artistes palestiniens de la troupe «Assayel» des arts populaires palestiniens. Quarante-quatre minutes durant, ces artistes ont exécuté des pas de danse gracieux répartis sur trois tableaux qui traitent du vécu quotidien en Palestine. Le rythme dans la peau. Cette rencontre a donc proposé un réel travail corporel de gestes et de mouvements d'un art consommé, s'inspirant de la musique traditionnelle palestinienne. Le public s'est délecté de la debka palestinienne exécutés sur des rythmes plus cadencés. Sur un fond d'écran illustrant des images et des tableaux profonds exprimant toutes les sensations. Le président de cette troupe, M. Nadji Abou Choukhaydam, a souligné «les effets positifs inhérents à cette manifestation en termes de renforcement des liens de fraternité et de paix entre les peuples», estimant que «c'est- là une opportunité unique pour s'informer du patrimoine artistique ancestral». Ce patrimoine, a-t-il dit, «nécessite des efforts et un intérêt plus important, par le biais de la recherche et des opérations de mise en valeur et de réhabilitation en vue de sa préservation des effets négatifs de la mondialisation». Juste après, le lauréat de l'émission arabe «Superstar» — diffusée sur la chaîne de télévision libanaise «Moustaqbal» —, Amar Hassan, a interprété un répertoire varié. Présence physique qui ne peut passer inaperçue, entouré d'instrumentistes de grand talent, l'ensemble réussit d'ailleurs à offrir un bon récital par des qualités mélodieuses, mais surtout par l'émotion. Sur scène, des compositions prennent une ampleur énergique et touchante. L'assistance scandait d'une seule voix «Lotfi», réclamant leur idole. Cette forte délégation de jeunes férus de musique Rap s'est rendue au show spectaculaire mis sur pied par ce sympathique «Lotfi Double Canon» accompagné de Zinou, son manager et DJ, pour fêter et danser ensemble sur une musique riche et variée. Il peut simplement enchaîner les morceaux de musique les uns après les autres en fonction des envies des auditeurs ou bien modifier ou superposer deux musiques et faire preuve de créativité, voire utiliser des machines ou des ordinateurs pour refondre entièrement le morceau utilisé. Il a tout simplement subjugué l'assistance. DJ Zinou entre en scène, il salue le public et se dirige vers sa table de mixage, il vérifie ses platines CD l'amplificateur ainsi que les enceintes, met le casque de pré-écoute et se lance au microphone. Et voilà que les premières notes résonnent dans le théâtre. La fête peut commencer. Tous les styles musicaux passent, notamment des titres tels «Ya Wili», « Kavi», «Ahia Labhar», «B'nat Bladi», «El Bahar ou El Moudja», «Koulache Machi»… Lotfi transcende définitivement les limites du rap en mélangeant électro, hip-hop et sonorités encore inexploitées, un son brûleur de dance-floors. Le spectacle est à son apogée. Des vagues de holas de plusieurs minutes traversent les gradins du théâtre de plein air du Casif, et les applaudissements rythmés des spectateurs prouvent que Lotfi n'est pas le seul à savoir maintenir la cadence. Le public a dansé et sauté sans relâche.