Le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, M. Noureddine Moussa, n'est pas allé avec le dos de la cuillère en s'adressant hier aux promoteurs immobiliers adhérents au Fonds de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière (FGCMPI). Intervenant à l'ouverture des travaux de leur huitième assemblée générale, le ministre a déploré le manque de professionnalisme de certains promoteurs, sans vouloir pour autant généraliser indiquant «comme il existe dans la profession des promoteurs honnêtes, il existe également des parasites». Alors que les promoteurs ont vu leur statut évoluer, les moyens humains restent en revanche stationnaires, déplore encore le ministre. Ce qui explique, selon le ministre, les retards accusés dans la livraison des projets. Il va sans dire que les promoteurs accordent peu d'intérêt à l'aspect esthétique, négligeant même certains aspects relatifs à la construction. Pis encore, «il y a des promoteurs qui se permettent le luxe de se passer des bureaux d'études et ne suivent pas leur chantier», a fait remarquer le premier responsable du secteur avant d'ajouter que le problème récurrent qui pose un vrai casse-tête chinois pour les souscripteurs c'est bel et bien les révisions successives et inacceptables des prix du logement. «Un professionnel est sensé établir préalablement des estimations des prix en prenant en considération tous les aspects relatifs à la construction. Il est inacceptable de demander à chaque fois une somme supplémentaire», a indiqué M. Moussa, avant d'enchaîner qu'il n'est pas admis de justifier ces réévaluations tarifaires par l'inflation des prix des produits de construction. «Le prix du ciment constitue 8 à 13% de la somme globale de la construction. Le problème du ciment c'est surtout sa disponibilité et non pas son prix. Nous avons importé 1 million de tonnes pour couvrir les besoins», a souligné le ministre en guise d'exemple. D'une manière générale, l'activité immobilière souffre de l'absence d'une réglementation adéquate, d'où la décision de revoir la loi 93-03 la régissant, a dit le ministre. «Un projet d'amendement de cette loi est en examen. Il sera soumis aux professionnels pour étude et enrichissement avant de le présenter au gouvernement pour adoption. Toutes les carences constatées dans l'application de la présente loi qui, faut-il le souligner, a démontré ses limites seront prises en compte», a rassuré M. Moussa ajoutant que les points positifs seront par contre pris en considération. Il est question d'astreindre les promoteurs à respecter les cahiers de charges, de s'occuper de la qualité de la construction et surtout de mettre un terme à la spéculation dans l'établissement des listes des bénéficiaires ainsi que dans la fixation des prix des logements. Le prix d'un logement type LSP est fixé au maximum à 2,8 millions de DA, a fait observer M. Moussa. Le ministre a fait savoir dans ce cadre que les promoteurs immobiliers ont la charge de réaliser 18% de la totalité du projet d'un million de logements du quinquennat 2005-2009. En soulignant qu'un bilan du dernier trimestre de l'année sera, sous peu, rendu public, il a indiqué qu'au 30 septembre 2009, son département a enregistré la réception de 953 420 unités dont 50 et 80 000 logements seront livrés à la fin de l'année. Les promoteurs immobiliers ont, en tout, réalisé 172 238 unités avec 134 620 U /LSP et 37 614 promotionnels ayant un caractère commercial. Il leur reste à livrer 139 000 unités «dans les meilleurs délais», espère le ministre ajoutant que pour le prochain programme de construction, il y aura une évaluation des promoteurs pour écarter les mauvais. Avant de conclure son intervention, le ministre a jugé utile de rappeler les dispositifs contenus dans la loi de finances 2010 relatifs à l'aide de l'octroi de logement et les facilitations octroyées pour les promoteurs.