… Le développement des capacités de l'enfant dans des domaines aussi variés que la concentration, la mémoire, le raisonnement logique et la stratégie, le respect de règles et de l'autre… Soukhine a rassemblé les articles et citations des livres des expériences russes de l'introduction du jeu d'échecs dans l'éducation. Cette sélection commence par l'opinion de V. Soukhomlinski qui souligne dans son livre «Je donne mon cœur aux enfants» l'intérêt («importance») des échecs pour l'école primaire car dans l'école élémentaire «l'éducation intellectuelle occupe une place importante, demande des formes et des méthodes du travail spéciales». Citons encore B. Gerchounski, qui était en 1986 le président de la commission «Les échecs pour les écoles», dans son article «un allié et pas un concurrent» affirme que «une fonction pédagogique est une des fonctions sociales les plus importantes des échecs», que les échecs favorisent «le développement de l'activité cognitive et de l'autonomie, de la capacité de prendre des décisions optimales dans les différentes situations», pour lui le rôle des échecs «dans le développement d'une personne, indépendamment de son âge, de sa profession, de sa qualification échiquéenne, est évident». Gerchounski explique le but principal de sa commission «Les échecs pour les écoles», créée sur le modèle de la commission similaire de la FIDE (Fédération Internationale des Echecs), est «la poursuite de la vulgarisation des Echecs parmi les jeunes, l'organisation de l'initiation échiquéenne pour tous, l'analyse de l'expérience accumulée dans ces domaines». Remarquons que les modalités de l'utilisation des échecs comme supports pédagogique et du transfert des compétences échiquéennes dans les autres domaines ne sont pas encore bien étudiés à cette époque, il note que les échecs «sont pourtant utiles pour l'apprentissage des mathématiques». Michel Noir dans l'introduction à sa thèse en sciences de l'éducation « Le développement des habiletés cognitives de l'enfant par la pratique du jeu d'échecs : Essai de modélisation d'une didactique du transfert» note : «Dans plusieurs pays, de nombreuses équipes pédagogiques ont introduit l'apprentissage du jeu d'échecs à l'école pour les enfants de 7 à 10 ans. En France, c'est le cas de certains instituteurs de classes de CE1 à CM2, sur la base du volontariat pour la plupart. L'attente des enseignants recourant à la pratique de ce jeu est le développement des capacités de l'enfant dans des domaines aussi variés que la concentration, la mémoire, le raisonnement logique et la stratégie, le respect de et de l'autre. Les rares observations faites sur ces initiatives attestent que les enfants, après deux années d'apprentissage du jeu d'échecs, ont un niveau de performances plus élevé que celui des enfants de même origine et de même milieu social dans les matières exigeant des compétences mettant en jeu logique, stratégie, mémoire et capacité d'abstraction. Les tournois de fin d'année bousculent même l'à priori que chacun peut avoir sur la corrélation entre milieu social et résultats scolaires. Ce critère motive la plupart des expériences conduites par des équipes d'enseignants». Michel Noir souligne que les psychopédagogues ont relevé le bénéfice du jeu d'échecs pour l'enfant confronté à l'apprentissage de certaines matières : «C'est notamment le cas pour le calcul arithmétique et les mathématiques. Le problème d'échecs s'aborde comme un problème mathématique : analyse des données (les pièces sur l'échiquier, leurs positions, les menaces, protections et combinaisons) énoncé des hypothèses et simulation des coups possibles en déduction, plan logique à suivre.... Si l'enseignement des mathématiques a pour but essentiel de doter l'enfant d'une capacité de raisonnement et de méthode, le jeu d'échecs est sans aucun doute celui qui peut développer le mieux ses facultés dans ce domaine. Observation - analyse - hypothèses - vérification-planification - probabilité et calcul des variantes - analyse des conséquences - toute la chaîne méthodologique est présente dans ce jeu». Les mathématiciens professionnels ne peuvent considérer l'affirmation «Le problème d'échecs s'aborde comme un problème mathématique» que comme une métaphore, si le jeu d'échecs peut «doter l'enfant d'une capacité de raisonnement et de méthode» cela ne signifie pas qu'il «peut développer le mieux ses facultés» dans le domaine des mathématiques. Le domaine des mathématiques est infiniment plus vaste et plus riche que le domaine de n'importe quel jeu intellectuel. Michel Noir reconnaît : «Pour que le but recherché - l'amélioration des performances scolaires et celle des facultés de stratégie, de mémoire et de concentration - soit atteinte, encore faut-il que la méthode d'apprentissage d'échecs soit conçue en fonction de ce développement et qu'elle ne se limite pas à un apprentissage de la seule matière échiquéenne. De ce point de vue, les méthodes d'apprentissage du jeu d'échecs à la disposition des instituteurs ont la plupart du temps été créées par des joueurs d'échecs et ne répondent qu'imparfaitement à ce but. Aucune n'a été préparée en prenant en compte les questions posées par l'apprentissage de savoirs, leur transférabilité, et les méthodes de didactiques, et à fortiori en ayant pour objectif de transférer les habiletés développées par la pratique à d'autres disciplines». Citons ses principales conclusions : «Nous pourrons alors conclure sur l'intérêt de la pratique du jeu d'échecs comme support privilégié d'un enseignement centré sur le développement des habiletés cognitives et des compétences transversales. A suivre…