L'ingratitude ne pouvait être de mise. Après l'accueil mémorable et chaleureux des Soudanais pour les milliers de supporters algériens qui se sont rendus à Khartoum, un geste fort s'imposait. On ne devait pas se suffire des déclarations politiques généreuses, enrobées de bonnes intentions. Le temps était arrivé pour donner un contenu humain aux bonnes intentions qui se sont fortement manifestées. La capitale soudanaise a ainsi vibré ce week-end aux rythmes et sons de la musique et de la chanson algériennes. Rarement la salle qui portait l'enseigne de l'amitié n'a autant mérité son nom. La participation d'artistes de notre pays aux festivités commémorant l'indépendance du Soudan s'inscrit dans ce sentiment de reconnaissance éprouvé à l'endroit d'un peuple ami. Quel meilleur moyen de se connaître mieux, d'établir des passerelles d'amitié en dehors de cette découverte des richesses culturelles d'un pays. Prendre part aux réjouissances des Soudanais est une élégante manière de partager leur joie, de communier dans un même sentiment de fraternité. Pas celle qui s'enrobe de la langue de bois, mais celle qui laisse libre cours à l'expression sincère des cœurs. C'est peut-être la première fois que nos artistes, dont la musique par bien des aspects s'enracine dans le même terreau africain, présentent le visage de l'Algérie. Les Soudanais, comme beaucoup de peuples, n'ont pas oublié l'épopée libératrice de l'Algérie. Elle a marqué des générations entières. Est-ce suffisant pour connaître vraiment l'image d'un pays qui s'est certes libéré mais où la jeunesse travaille et crée en se mettant à l'écoute des pulsions du monde ? Ce déplacement en force d'artistes représentant les multiples facettes de la culture algérienne est en premier lieu un signe de respect. C'est aussi une manifestation de soutien à un pays victime de nombreuses convoitises de puissances qui veulent le dépecer et accaparer ses fabuleuses richesses. Au-delà de cette manifestation ponctuelle, la voie semble ouverte à une meilleure connaissance de ce peuple loin des yeux et si près du cœur.