Messages politiques forts que les deux messages adressés respectivement à l'équipe nationale après sa brillante victoire hier sur l'équipe d'Egypte ainsi qu'au président soudanais, Omar El Béchir, pour l'hospitalité et l'accueil chaleureux réservés à l'équipe nationale et à la délégation qui l'accompagnait ainsi qu'aux supporters des Verts. La longueur des deux messages et leur contenu où le président puise, pour le premier message, dans le registre des valeurs de patriotisme, de grandeur, d'héroïsme qui ont façonné l'histoire de l'Algérie et dont est pétrie l'équipe nationale ; le second dans les valeurs d'hospitalité et des liens fraternels unissant les deux peuples et la volonté exprimée hier avec force par le chef de l'Etat de renforcer les relations bilatérales. Le président Bouteflika aurait pu, dans un cas comme dans l'autre, se contenter de messages de circonstance, forts et moins denses. Il y avait dans la sémantique des textes du président de la République une volonté claire de prendre quelque part date avec l'histoire et l'actualité houleuse qui a marqué la vie du pays au cours de cette semaine, où les Algériens furent touchés dans leurs dignité et fierté à la suite du comportement scandaleux du public et des autorités égyptiennes à l'égard des joueurs de l'équipe nationale et des supporters des Verts lors du purgatoire du match du 14 novembre au Caire. Le président Bouteflika a joué à fond la carte du soutien à l'équipe nationale en mettant en place un véritable plan de bataille, sportif s'entend, avec la mobilisation dans des délais exceptionnels de moyens logistiques dignes des situations d'urgence pour acheminer des milliers de supporters algériens à Khartoum avec un succès et une efficacité qu'on aimerait retrouver dans les actions du gouvernement en toute circonstance en temps « de paix » comme en temps « de guerre ». Le message d'hier adressé aux joueurs laisse transpirer comme un sentiment partagé de victoire de l'Algérie, peuple et dirigeants, sur l'adversité et les ennemis de l'Algérie qui ont poignardé leurs enfants dans le dos, cachés derrière leur masque de l'amitié prétendument séculaire. Des meurtrissures qui laisseront, sans nul doute, des stigmates dans l'inconscient collectif des Algériens qui sauront avoir désormais la lucidité nécessaire pour ne pas céder aux sirènes des déclarations d'amour suspectes qui ne résistent pas à l'épreuve d'un match de football. Savourons donc pour l'heure cette victoire à laquelle le peuple algérien et ses dirigeants ont contribué pour ne pas gâcher la fête en cherchant à savoir si l'Etat a pris ses responsabilités, toutes ses responsabilités, au moment voulu et s'il n'a pas pris le train en marche sous la pression de la rue. Comme il faudra attendre les prochains jours pour voir si cette osmose qui s'est créée autour de l'équipe nationale entre l'opinion publique et les autorités, avec à leur tête le président Bouteflika, lequel a réussi une belle opération de marketing politique qui a porté ses fruits avec la qualification de l'équipe nationale, n'est pas un « effet de manche politique mais une réelle volonté du pouvoir de se réconcilier avec la jeunesse en faisant de cette victoire le point de départ d'un renouveau authentique d'une Algérie qui gagne et qui avance au profit de tous ses enfants. Et d'une Algérie qui a un plus grand sens de discernement lorsqu'il s'agit de défendre ses intérêts ». C'est le sens du message adressé au président soudanais par le président Bouteflika . Le chef de l'Etat aurait pu se contenter des formules de circonstance de remerciements pour l'accueil réservé aux Algériens qui se sont rendus nombreux à Khartoum. Il a été plus loin en mettant l'accent sur les valeurs de solidarité, de générosité, d'hospitalité du peuple soudanais réitérant la volonté de l'Algérie de promouvoir davantage encore les relations entre les deux pays. Ce message de reconnaissance et de gratitude chargée d'une forte émotion qui n'est pas que protocolaire mais inspiré par un sentiment de quelqu'un qui se relève d'une dure épreuve ou trahision – il ne faut pas avoir peur des mots – et qui trouve, par ailleurs, des bras réellement fraternels qui lui sont tendus et des hommes de cœur comme ont eu à le témoigner tous les Algériens qui se sont invités sans s'annoncer chez les Soudanais. Le président Hosni Moubarak n'a pas eu droit au même message et aux mêmes élans de cœur de la part de Bouteflika. L'Algérie, à sa tête le président Bouteflika, n'a pas réagi officiellement après les graves événements qui ont émaillé la rencontre de l'équipe nationale au Caire. Le premier message très fort celui-là aussi adressé par Bouteflika aux joueurs après l'agression des joueurs et à la veille du match contre l'Egypte au Caire et les deux messages d'hier aux joueurs et au président soudanais résonnent comme une réponse officielle aux Egyptiens pour leur signifier que l'Algérie a pris acte de la dure épreuve subie par l'Algérie. Le message est à peine crypté. Les Algériens qui ont pris goût aux vertus du numérique auraient mieux apprécié s'il était délivré en clair.