Les contes populaires. Voilà un genre littéraire qui n'emballe pas les éditeurs. Encore moins ceux qui font main basse sur l'aire éditoriale, très prompts pourtant à se poser, en public, en farouches défenseurs de la littérature algérienne. S'ils restent, hélas, de nos jours majoritaires- et dominants- il n'en n'est pas ainsi– et on s'en réjouit- pour d'autres, de loin moins costauds, mais dont l'engagement pour la vulgarisation de cette expression littéraire, traduit un réel respect pour la profession et à notre culture algérienne. C'est le cas d'Alpha Editions qui manifeste un intérêt accru pour le Conte populaire, en lui consacrant d'ailleurs toute une collection : «Le miroir des aveugles» de Aïssa Hireche, «Fleur Bleue» de notre consoeur Farida Belkhiri et le dernier en date «Le Livre de Djoha l'Espiègle», que son auteur Bendjedou Bousnina, a présenté lundi dernier lors d'une séance de ventre dédicace à la librairie Socrate à Alger. Voilà de quoi nourrir les passionnés du patrimoine oral algérien et dans une plus grande mesure, son terreau maghrébin. Une nébuleuse que cet architecte littérateur a fait sienne pour nous faire découvrir- et redécouvrir- le personnage de Djoha, sous d'autres cieux, mais toujours dans sa conception originelle. Parce qu'il n'est pas question pour l'auteur de toucher à un patrimoine vieux de neuf siècles. «Mon souci premier, explique-t-il, est de contribuer à la sauvegarde de même qu'à la valorisation de notre riche patrimoine oral qui subit de plein fouet les affres de la mondialisation». A travers ses histoires, Bendjedou Bousnina nous prend par le cœur, pour nous immerger dans un monde fantastique, où Djoha n'est pas seulement cet homme rompu à la ruse. «A travers sa grande mysticité, il incarne à sa manière la sagesse, le bon sens mais aussi sa solidarité avec les plus vulnérables» poursuit l'auteur qui travaille déjà sur d'autres contes pour donner suite à son Djoha soufi. Ce n'est pas nouveau pour cet écrivain à la fibre très mystique. Une fibre qu'il fait partager à ses lecteurs dans la troisième partie du livre, où Djoha prend une dimension spirituelle qui n'est pas sans lien avec «la phobie» de l'auteur de voir l'Algérie et toute la terre maghrébine laisser s'étioler un pan entier de sa culture voire même de son identité. «Le livre de Djoha l'espiègle» de Bendjedou Bousnina Alpha Editions 317p Prix : 700 DA