Photo : Makine F. La librairie Socrate malgré son jeune âge, 16 mois d'existence, est devenue un lieu incontournable de nombre de personnes. Le rendez-vous intellectuel de beaucoup de gens et un endroit qui a pris ses quartiers auprès de la clientèle. Lorsque Les deux amis, de longue date, avec un passé de plus de trente ans dans le monde livresque : (SNED, ENAL, Ibn Khaldoun…) etc. Mohamed Bavdel et Hafid Badache ont décidé de transformer un ancien local, dans cette rue qui monte vers le cinéma ABC, à deux enjambées de la rue Didouche et pas loin du quartier commerçant Meissonnier. Des habitants de cet îlot d'habitations leur ont demandé d'en faire un café, un lieu de retrouvailles. La librairie Socrate est devenu cet endroit de rencontres mais sans le commerce des boissons chaudes ou froides et autres consommations. Nos amis ont opté pour le négoce cérébral. En ce début d'année on a voulu savoir ce qu'il en est de la vie d'une librairie à Alger. Il faut dire que les libraires dans leur ensemble, sans leur ténacité à faire vivre ce produit qu'est le livre, seraient une corporation en voie de disparition. Car beaucoup de ces commerces ont mis la clé sous le paillasson. « Le livre ? Un produit cher, excessivement cher pour la bourse du citoyen ! » Répond Mohamed Bavdel. Qu'en est-il du bilan des ventes durant la période 2008-2009 ? Eh bien, selon Hafid : « Il oscille entre 35 et 40%, ce n'est pas si mauvais El Hamdoullah ! ». « Il est vrai que les débuts, il y a pas moins de deux ans, ont été très difficiles pour notre activité, maintenant au fil du temps, nous enregistrons une amélioration des ventes. D'autant que les anciens clients d'Ibn Khaldoun continuent à fréquenter la boutique», affirme Mohamed. Prenant la parole, Hafid signale à son tour « Le bouche à oreille a fait son travail pour faire connaître la librairie » Lorsqu'on pose la question sur les périodes d'affluence, les libraires répondent d'une seule voix, qu'elles sont identiques à toutes les librairies : « Les rentrées scolaire et universitaire où il y a les dictionnaires, le para scolaire, les annales et autres fascicules sont très demandés. » Idem apprenons-nous pour le roman classique français qui est également très sollicité, à l'exemple de Zola, Stendhal et autres auteurs. Une deuxième période de vente satisfaisante est l'été : «Au cours de cette intervalle de grandes vacances, ce sont les beaux livres qui se vendent le mieux. Quelques touristes, les émigrés aussi s'intéressent de près à ce produit au prix certes élevé. Des ouvrages d'art, de photos, de voyages, d'histoire, essentiellement sur l'Algérie», explique Hafid. LA LECTURE, CE N'EST PAS LA FERVEUR Le parascolaire reste le produit le plus demandé durant toute l'année et à « Socrate », on fait un choix rigoureux quant aux livres de soutien et d'appui scolaire : « Nous ne ramenons pas tout le parascolaire » avertit Mohamed expliquant : « Dans beaucoup d'éditions, on trouve des erreurs dans ces publications, ce qui nous pousse à regarder de près les arrivages. On ne veut pas en les mettant en vente contribuer à l'échec des élèves et des collégiens ». Le lectorat actuel ? « Si on fait le parallèle avec les années précédentes, le lectorat connaît une régression. Les gens lisent de moins en moins et ce sont les animations hebdomadaires que l'on organise qui attirent quelque peu les acheteurs», met en exergue Mohamed. Ce dernier insiste sur le fait que le livre est un produit culturel nécessaire à la diffusion de la culture et de la connaissance et qu'il est aberrant qu'il soit considéré comme un produit commercial. Pour Mohamed, il y a absence de politique du livre à même d'inciter la création livresque et la production éditoriale. Il y a lieu d'encourager ces deux segments et aller vers le professionnalisme des intervenant dans ce domaine devenu problématique au fil du temps. «Avec les nouvelles dispositions de la loi de finances, on a classé le livre au même titre que la pomme de terre et c'est pénalisant pour un secteur qui est très encouragé chez nos voisins», dira Mohamed Bavdel. Autre obstacle au maintien du livre sur le marché, cette exigence des importateurs à payer rubis sur l'ongle avec un délai de deux mois seulement. Pour conclure sur un métier relevant du «djihad culturel», Mohamed Bavdel confiera : «C'est un métier où l'on rencontre des gens merveilleux. Il y a échange culturel et humain dans une librairie qui n'a pas de prix. Nous avons même des personnes devenues des habitués de «Socrate» qui nous téléphonent pour s'enquérir des nouveautés en matière livresque. D'autres sont des acheteurs abonnés. C'est à dire qu'ils nous font entière confiance sur les titres intéressants que nous leur réservons. Et il y a ceux qui ont acheté plusieurs fois le même ouvrage qu'ils offrent seulement pour nous aider à démarrer. N'est-ce pas merveilleux ?»