L'histoire reprend ses droits pour redonner à la Casbah ce qui appartient à Mezghena. Elle est là, encore debout, incarnant une personnalité architecturale à faire jaser le Corbusier. Sa farouche résistance aux tentatives d'acculturation par les diverses invasions se perpétue dans un dernier sursaut d'orgueil. C'est ce qu'on appelle communément l'imprenable citadelle ou la »mahroussa» (la protégée). Il est rapporté que dans chaque section de la Casbah, existe un sanctuaire, un «Darih» où reposent les saints patrons de la ville. C'est une ville lumière qui a gardé les charmes d'une ville méditerranéenne indolente et généreuse, baignée de soleil et bercée par les vents marins. Dans tout son prolongement historique, elle évoque les grandes épopées helléniques, la blancheur des terrasses en symbiose avec la mythologie grecque. Au large de sa baie, les souvenirs lointains de voyages d'Hercules cinglant aux quatre vents le large d'El Bahdja. Alger ressemble étrangement à un amphithéâtre. Pendant des siècles avant notre ère, les Philoniens y avaient installé un port dont les échanges se faisaient avec l'Orient. Avec l'arrivée des Romains, notre ville porta le nom d'Icosium. Là, elle fut fondée par le prince amazigh Bologhine Ibn Ziri entre 973-984. Elle fut construite sur l'ancienne Icosium. Le territoire de la confédération des Ath Mezghena. Bologhine Ibn Ziri est également le fondateur de la dynastie amazighe Ziride régnant sur l'Afrique du Nord de 972 à 1152. A cette époque-là, tout le monde parlait tamazight, langue des autochtones d'Afrique du Nord à Alger. Certains endroits parlent encore cette langue : Télemly (vient de thalla Melli, Fontaine blanche), Tamentefoust (Tamenyefust, la Rive droite) et Bologhine (nom du prince fondateur la Casbah dite la forteresse bâtie à Alger au 11e siècle, à l'époque des Ottomans). C'était un repère, un témoin encore vivant de notre histoire, de notre passé. La Casbah comptait il y a quelque temps, quelque 1700 maisons. Il n'en reste malheureusement que la moitié, tortueuses et pentues qui constituent aussi un élément caractéristique de la vieille ville. Elle abrite également douze mosquées dont la plus connue Djamâa El-Kebir. Les cours intérieures, les balcons particuliers, les toits en terrasse et les habitations sont d'un tel charme ; la Casbah reflète un passé extraordinaire, c'est un endroit tout simplement magique.