«Evénement à la Une», l'émission de la chaîne III a accueilli hier des politologues et spécialistes en droits de l'homme pour débattre de la résolution adoptée le mois dernier par le conseil de l'ONU à l'initiative de l'Algérie, concernant la criminalisation du payement de rançons aux groupes terroristes dans les cas de kidnapping ou de piratage. Farouk Kesentini, président de la commission nationale consultative de la promotion et la protection des droits de l'homme, invité de l'émission, a salué cette initiative en estimant que cette résolution démontre l'engagement sans faille de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme. « Les rançons sont une forme de financement indirect du terrorisme. L'adoption de cette résolution vise à tarir cette forme financement des groupe terroristes», explique-t-il. Cette résolution est également une réponse, ajoute-t-il, aux USA et à la France qui ont mis l'Algérie sur la liste des quatorze pays «exportateurs de terrorisme». «La décision des USA est paradoxale. D'un côté, ils considèrent l'Algérie comme un pays référence en matière de lutte contre le terrorisme et d'un autre ils l'inscrivent sur une liste de pays suspects. Pourtant, notre pays a joué un rôle important, de médiateur, dans le dénouement de crises et conflits dans la région», estime-t-il. Dans le même contexte, Liesse Djeraoud, rédacteur en chef du quotidien Horizons, estime que cette liste n'est pas dénuée d'arrière-pensée. Il cite pour preuve la présence de Cuba parmi les 14 nations incriminées. Tout en relevant le caractère «transnational du terrorisme qui ne peut être confiné à quelques nationalités», il estime qu'à travers cette liste, on fait payer à l'Algérie certaines de ses positions sur les questions d'actualité internationale dont son refus d'accueillir sur son territoire l'Africom. Par ailleurs, pour revenir à la résolution adoptée par l'ONU, le politologue Mhand Berkouk soutient : «Il est fort probable que des pays refusent de se plier à cette résolution en brandissant comme prétexte la sauvegarde de vies humaines». Salah Mouhoub, économiste et politologue, rejoint ce point de vue en soulignant que des pays pourront céder à la pression des ONG. «De plus, des politiques pourraient instrumentaliser les kidnappings ou les prises d'otages. Si un pays perd une vingtaine de personnes en otages, ça peut créer des troubles ». Néanmoins, les invités de l'émission s'accordent sur le fait que la résolution est là pour responsabiliser les pays envers un phénomène international». D'où la nécessité, reprend Mohamed Berkouk, de créer un cadre juridique et des instruments autour de cette résolution. «Je crois qu'il est aussi nécessaire de proposer une autre résolution pour poursuivre les Etats et les personnes qui acceptent de verser des rançons aux groupes terroristes», conclut-il.