Chants religieux et poésie mystiques en Kabylie sont des vecteurs de la transmission de la religion au sein d'une population dont les versets coraniques et les hadiths ne sont pas à sa portée. Les textes sacrés ainsi que la Tradition du Prophète ont toujours été la prérogative des marabouts, cheikhs ou maîtres du Coran et autres lekhouanes issus des zaouïas. Aux gens humbles il reste ces textes naïfs et porteurs de foi issus de la mémoire et la tradition orale pour chanter Dieu et ses Envoyés. Le dhikr ou Ledhkir demeure à nos jours des chants issus de l'oralité et du conscient populaire à vénérer le Créateur, les Elus et les saints. En ces temps modernes, ils sont retranscrits La mémoire collective en Kabylie a véhiculé le message de la parole divine en des termes simples jusqu'à la candeur. Il apparaît que ce sont les connaisseurs des Issefras, pas souvent des poètes, qui transmettent autant la poésie que le cantique. La poésie mystique est récitée durant des funérailles, les troisième et quarantième jours après le décès et les jours de fêtes religieuses comme le Mouloud, Achoura, les veillées du jeudi et du lundi : «La beauté des poèmes chantés somme toute n'était que l'expression esthétique d'une foi profonde et naïve». De ce fait, «les plus vieux mettent un point d'honneur à évoquer l'Au-delà, à dénoncer les travers de la génération présente, à signaler… les brebis égarées». Lettrés en langue arabe ou non, les fidèles et récitants du chant religieux ou du cantique sont liés à une zaouïa ou confrérie. L'auteur de cette recherche sur une des facettes de la culture orale kabyle met l'accent sur la portée du confrérisme mystique en Kabylie qui n'a pu s'articuler sans la présence des lekhouanes et des fidèles détenteurs de ces textes poétiques et religieux transmis de génération en génération. Un confrérisme ayant «causé un préjudice moral et matériel aux fidèles par trop ingénus». Nonobstant cela, «le désir de plaire à Dieu, la peur du Jugement dernier et leur flamboyante naïveté ont campé un type de soufisme original, celui des musulmans berbères pour qui l'islam… demeure la raison de vivre et d'espérer» Le dhikr ou Ledhkir demeure à nos jours des chants issus de l'oralité et du conscient populaire à vénérer le Créateur, les Elus et les saints. En ces temps modernes, ils sont retranscrits pour la postérité et comme l'écrit le chercheur, cette collecte demeure une nécessité «à recueillir d'urgence les cultures menacées de perdition. Que les générations futures n'intentent pas à la nôtre un procès de non assistance à civilisation en danger …» Youssef Nacib avertit le lecteur sur une transcription des textes inspirée de la méthode mise au point par Mouloud Mammeri «Poésies mystiques kabyles», texte en kabyle et traduction, Youssef Necib, Editions Zyriab, ouvrage publié avec le soutien du ministère de la culture, 254 pages, prix public : 450 DA