Photo : Lylia M. Elles viennent de toutes les wilayas de l'Est pour accoucher. Heureusement que le personnel est là pour veiller sur elles, les prendre en charge autant que faire se peut, mais jusqu'à quand ? Constantine est-t-elle devenue le nouvel eldorado pour les femmes enceintes qui y convergent de tout l'Est algérien ? A entendre parler les responsables et les médecins exerçant dans le secteur, l'activité dans les services de maternité des wilayas limitrophes fonctionne au ralenti. Ce qui explique, en partie, la grande ruée vers les deux services de maternité que compte Constantine. Débordé, fatigué, parfois découragé, le personnel du CHU continue malgré cela à assurer le travail pour quelque 11.000 patientes par an. Un médecin qui poursuit sa spécialité en gynécologie avoue que, comme ses collègues d'ailleurs, qu'il est stressé dès qu'il entre au bloc. « Le CHU compte en tout quelque 40 services et je peux vous assurer que 20 % des admissions viennent dans notre département. Il y a vraiment une charge immense, l'équipe de garde qui travaille entre 16 h et 8 h, s'occupe de 35 accouchements par nuit dont 12 à 14 césariennes. Le hic c'est que la majorité des femmes sont issues de toutes les wilayas de l'Est, et beaucoup d'entre elles sont des malades lourdes, c'est-à-dire qu'elles arrivent en retard, et dans beaucoup de cas, elles présentent des saignements ou des complications. En plus de cela, explique le médecin, on accueille aussi des patientes qui viennent des autres hôpitaux de Constantine. Sur 10 patientes, une seulement est originaire de Constantine ». Bien évidemment cela entraîne une surcharge, et souvent un lit est partagé par deux femmes. Notre médecin estime par ailleurs que prendre en charge tout ce beau monde est quasi impossible quand on sait que le service de gynécologie du CHU compte un seul professeur, 5 maîtres-assistants et quelque 40 résidents. Pourtant, les solutions existent. On peut mettre un terme à toute cette pagaille si on arrive à mettre quelques moyens comme nous l'explique le résident. «Si Tébessa, El Oued, Oum El Bouaghi et Mila s'occupent de leurs malades, on pourra travailler facilement». Mais le mal est fait, la principale cause est que les autres wilayas ne disposent pas assez de médecins gynécologues, ajouter à cela que le CHU de Constantine est, en quelque sorte, victime de sa réputation. Et comme cela ne suffisait pas, sur le plan juridique aussi, les médecins sont souvent traînés en justice par les familles des malades : sur les 45 qui exercent au niveau du service de gynécologie, 15 ont des procès en cours.