«L'œuvre de l'Emir Abdelkader est plus diffusée à l'étranger qu'en Algérie», estime Affaf Abdeli, assistante du président de la fondation Emir Abdelkader qui organise aujourd'hui et demain un colloque international sur l'Emir au Cercle national à Alger, sous le haut patronage du président de la République. «Le révolutionnaire José Marti, par exemple, s'est inspiré de l'Emir Abdelkader pour faire sa révolution à Cuba. Aux Etats-Unis, il y a une ville baptisée au nom de l'Emir. Son impact est tellement grand qu'on continue jusqu'à présent à étudier sa pensée et son œuvre à l'étranger. De notre côté, il y a des initiatives régulières, des colloques ou des rencontres autour de l'Emir dans les différentes régions du pays. Mais notre intérêt pour l'Emir n'est pas aussi important qu'à l'étranger», estime-t-elle. Le colloque en question, qui réunit un grand nombre de spécialistes et chercheurs algériens et étrangers, devait se tenir au mois de novembre à l'occasion de l'anniversaire de la première moubayâa. «Mais nous avons dû décaler le colloque à cause des fêtes. Nous avons donc opté pour une date qui coïncide avec l'anniversaire de la deuxième moubayâa de l'Emir», explique-t-elle. De ce fait, les communications inscrites dans ce colloque tournent essentiellement autour de la symbolique de la moubayâa chez l'Emir, qui n'a pas encore livré tous ses secrets. En effet, tandis que l'universitaire turc Dulgër Kerar proposera des témoignages sur l'Emir Abdelkader extraites des archives ottomans ou encore l'universitaire syrien Alaa Eddine Bakri, qui revient sur l'ouvrage de l'Emir «Kitab el Mawakif», l'écrivaine et artiste française Martine Le Coz étudie l'impact que peut avoir l'œuvre et la pensée de l'Emir dans le présent. Dans le même contexte, Ahmidah Amiraoui, universitaire de Constantine, se penchera sur la portée spirituelle de l'Emir dans l'acte civilisationnel. «L'Emir Abdelkader était un réformateur distingué. C'est un modèle à suivre tant il est porteur d'un message d'une rare hauteur d'esprit et d'une actualité vivante», a indiqué à Zaïm Khenchelaoui, chercheur et anthropologue, qui pend part à ce colloque. Tout en considérant que la moubayâa revêt une transcendance extrapolitique constituant le fondement moral de l'Etat algérien, il estime que l'Algérie doit à l'Emir la fondation d'un Etat de droit. «On devrait pouvoir s'en inspirer pour réaliser un projet de société moderne et ouverte tout en restant attachés à nos racines et fiers de nos origines. L'Emir est le fondateur de l'Etat algérien moderne. Nous lui devons la création d'une armée régulière, la frappe d'une monnaie nationale, la conception d'armoiries, de sceaux et de drapeau, la réforme de la fatwa, la refonte de la justice, de l'économie, de l'éducation et de la santé, la mise en place d'une chancellerie consultative, l'accréditation de consuls et la nomination de ministres», rappelle-t-il.