Les Shebab, un mouvement de quelque 5000 insurgés, selon les spécialistes, proclament officiellement leur allégeance à Al-Qaïda. «Nos décisions incluent (celle) de porter le jihad dans les régions de la Corne de la Afrique et d'Afrique de l'Est afin de libérer les communautés islamiques et de lier notre jihad à celui, global, dirigé par Al-Qaïda et son chef Oussama Ben Laden», déclare Cheikh Fouad Mohamed Shangole, à l'issue d'une réunion des principaux cadres de ce mouvement à Baïdoa, à 250 km à l'ouest de Mogadiscio. Cette allégeance n'est pas nouvelle. Fin 2009, Mohamed Abdi Godane, le numéro un des Shebab, avait proclamé son allégeance à Ben Laden dans un enregistrement vidéo avant de prendre acte des risques de sa décision sur l'unité de ses troupes qui se sont affrontées au grand jour en octobre dernier à Kismayo, le principal port du sud de la Somalie. Une partie a refusé de se ranger sous la bannière d'Al-Qaïda. Depuis hier, les données ont changé. Radicaux et Hezb el Islam ralliés par «Ras Kamoni, un petit groupe de radicaux de quelques centaines de membres implantés dans le sud du pays, jurent la perte du gouvernement de transition du président Sharif Cheikh Ahmed, élu en janvier 2009 par un parlement élargi aux islamistes modérés et soutenu par la communauté internationale et «l'instauration d'un Etat islamique» en Somalie et de marcher sur les pays voisins. L'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad, les six pays d'Afrique de l'Est dont la Somalie) est «inquiète». Après avoir vu les islamistes étendre «leurs actes aux Somaliland et du Puntland», deux régions relativement stables, craint pour ses «minorités chrétiennes» : les deux mouvements ont annoncé leur intention de «libérer» la Corne de l'Afrique du «joug des chrétiens minoritaires» et des 5000 hommes de la Force de paix de l'Union africaine déployée à Mogadiscio. MOGADISCIO, NOUVEAU «TORA BORA» ? « La crise que traverse la Somalie depuis 1991 (18 000 personnes ont été déplacées de Mogadiscio, 258 civils tués et 253 autres blessés, depuis le 1er janvier seulement) prendra de l'ampleur et se transformera en une menace internationale», estiment les chefs des pays africains. Dans la capitale éthiopienne, ils ont exhorté Ban Ki-moon, présent au sommet, à envoyer en Somalie des casques bleus. «Il n'est pas possible en ce moment de déployer une force de maintien de la paix en Somalie. Nous avons besoin d'avoir une paix à maintenir et pour l'instant il n'y a pas de paix» leur répond-il. Leur appel à l'application, sans délai, des sanctions imposées par le Conseil de sécurité contre l'Erythrée pour ingérence dans les affaires de la Somalie, y compris l'armement des Shebab, n'a pas eu une meilleure réponse. Ce «ça peut attendre» des Nations unies pourrait vite devenir ingérable pour l'Union africaine. Surtout si l'offre de service de la «succursale» d'Al Qaida au Sahel aux «insurgés» nigérians se confirme. Selon le Centre américain de surveillance des sites islamistes (SITE), elle a offert de les aider en « armes, munitions et formation » et à….repousser l'hostilité de la minorité des croisés » (chrétiens). Les monarchies du Golfe qui ont été averties de possibles attentats contre des navires, sont sur le qui-vive. Comme les voisins africains de la Somalie, ils redoutent de voir sous peu Mogadiscio devenir un nouveau «Tora Bora» pour Al-Qaïda.