Profitant d'un rassemblement de personnes dans deux restaurants de la capitale, qui retransmettaient la finale de la Coupe du monde de football, des terroristes ont fait exploser deux engins. Les “Shebab” somaliens, qui avaient menacé l'Ouganda à cause de la présence de ses troupes à Mogadiscio, sont soupçonnés d'en être les auteurs. Deux bombes ont explosé dimanche soir dans un restaurant éthiopien du sud de la capitale ougandaise et dans le bar d'un club de rugby de l'est de la ville de Kampala, provoquant un véritable carnage parmi la foule, qui s'était rassemblée pour regarder à la télévision la finale de la Coupe du monde de football ayant opposé l'Espagne aux Pays-Bas. En effet, au moins 74 personnes ont été tuées et plus d'une soixantaine blessées dans ce double attentat, mis sur le compte des islamistes somaliens “Shebab” liés à Al Qaeda, par la police locale. Les explosions ont visé des spectateurs, de jeunes adultes en majorité, venus assister à la retransmission de la finale de la Coupe du monde de football. Cela étant, un site en langue somali proche des “Shebab”, somalimemo.net, a relevé qu'“il n'était pas encore confirmé que les Shebab étaient derrière cette attaque”, mais que si cela s'avérait, “la guerre entre musulmans et non-musulmans prendrait un nouveau visage”. À ce jour, les insurgés “Shebab” n'ont jamais mené d'attentats hors du territoire somalien. En attendant les conclusions de l'enquête, les premiers éléments laissent penser que l'attentat a pu être provoqué par deux kamikazes, ou par des bombes déposées sous des sièges. Fred Opolot, un porte-parole du gouvernement ougandais, a déclaré à la presse qu'“il y a des indices qui suggèrent la présence de kamikazes, mais, en même temps, il est possible qu'il y ait eu des bombes déposées sous des chaises”. Ce double attentat est le plus meurtrier commis en Afrique de l'Est depuis les attaques suicide contre les ambassades américaines de Nairobi et Dar es-Salaam qui avaient fait plus de 200 morts le 7 août 1998. Quant au chef de la police ougandaise, Kale Kayihura, il a lié ce double attentat aux menaces récentes des insurgés islamistes “Shebab” en Somalie de s'en prendre à l'Ouganda et au Burundi, les deux pays qui ont envoyé les 6 000 soldats composant la force de paix de l'Union africaine en Somalie (Amisom). Sans ambages, il a déclaré : “Il y a eu des déclarations de la part des Shebab et d'Al Qaeda. Le terrorisme est une menace de nos jours. Vous connaissez la région où nous sommes et notre engagement en Somalie. Evidemment, il s'agit de terrorisme. Cela est clair.” Pour rappel, le 5 juillet, le chef des “Shebab”, Ahmed Abdi Godane, avait à nouveau appelé les Somaliens à s'unir pour chasser de Somalie l'Amisom. Le même jour, l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), qui regroupe six pays d'Afrique de l'Est, avait décidé de déployer rapidement 2 000 hommes supplémentaires au sein de l'Amisom, pour porter la force à un peu plus de 8 000 soldats. Cette force de paix chargée de protéger le très fragile gouvernement provisoire du président Sharif Cheikh Ahmed, élu début 2009, est considérée comme une force d'occupation par les Shebab, qui contrôlent la plus grande partie de la Somalie et ont fait vœu d'allégeance à Al Qaeda. À signaler que l'Ouganda a annoncé qu'elle maintiendra ses soldats dans la force de paix de l'Union africaine en Somalie, en dépit de ce double attentat de Kampala attribué aux islamistes somaliens “Shebab”. L'Union africaine a “condamné un acte dirigé contre un pays africain engagé activement dans la promotion des objectifs de l'UA”. De son côté, le président américain Barack Obama a indiqué que les Etats-Unis étaient “prêts à fournir toute aide demandée” par le gouvernement ougandais, alors qu'au moins, un ressortissant américain a été tué, selon l'ambassade américaine.