Directeur du musée national de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie M. Mustapha Belkahla est l'homme qu'il faut à la place qu'il faut. C'est d'abord un artiste qui maîtrise parfaitement les arts plastiques. Il a à son actif de nombreuses expositions illustrant son talent. C'est ensuite un enseignant, pétri dans les méthodes pédagogiques. A ce titre, il a été durant de longues années président de l'Association des Beaux-Arts d'Alger, une école où il a formé des centaines d'artistes peintres, hommes et femmes de tout âge. Ses élèves lui sont reconnaissants pour sa manière subtile de transmettre sa passion pour l'art et sa volonté de partager une émotion esthétique avec les autres. M. Mustapha Belkahla est directeur du musée national de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie. Il y inculque l'amour de cet art tout en déployant son énergie au développement et à la promotion de la vie artistique. C'est ainsi qu'en plus des activités habituelles de son musée, animation artistique, expositions, hommages, il organise deux festivals par année. A la fin du printemps de 2009, c'était le festival de la calligraphie. Pour cet automne, ce sera l'organisation du festival de l'enluminure et de la calligraphie. M. Mustapha Belkahla établit un bilan du festival précédent et nous trace les grandes lignes de ce prochain événement pour la promotion des genres artistiques, enluminure et miniature. Pouvez-vous d'abord nous expliquer cet ordre dans la désignation de l'appellation de votre musée, d'abord enluminure, puis miniature et ensuite calligraphie ? Dans les arts musulmans, ces genres : enluminure, miniature et calligraphie ont tous trois la même importance. Cependant, il semble que l'enluminure prenne plus le pas sur les deux autres genres. L'enluminure est l'art de composer avec trois motifs essentiels, les fleurs, les branches et les feuilles. Ces motifs peuvent se retrouver dans la miniature et la calligraphie. De plus, l'enluminure n'a pas seulement que la toile pour support. Cet art peut être pratiqué pour la décoration d'édifices et aussi sur le bois et la céramique. Nous comptons justement organiser une exposition d'enluminure avec pour support la céramique. Vous venez d'organiser un festival de la calligraphie. Quel bilan en tirez-vous trois mois après ? Pour nous, les retombées de l'organisation d'un festival sont aussi importantes que le déroulement de l'événement lui-même. Ce que nous retenons d'abord, c'est la satisfaction unanime des participants de ce festival. Nous recevons encore jusqu'à aujourd'hui des lettres de reconnaissance des calligraphes de renom que nous avons invités. Ils étaient issus de vingt et un pays, de Chine, des Etats-Unis, du Pakistan, de Turquie, des pays arabes. L'Algérie, grâce à ce festival, a été le pôle mondial de la calligraphie arabe et garde cette auréole. Dorénavant, notre pays compte dans tout évènement se rapportant à la calligraphie. La présence à Alger de sommités internationales de cet art, a eu un effet des plus stimulant et des plus encourageant pour nos calligraphes nationaux. Ils ont pu ainsi juger du niveau mondial de cet art. Maintenant la balle est dans leur camp s'ils veulent briller dans une carrière internationale. Nous sommes certains aujourd'hui qu'au prochain festival, nos créateurs nationaux sauront rivaliser et même dépasser les talents venus d'ailleurs. Le jury de ce festival de la calligraphie n'a-t-il pas été trop sévère dans l'attribution des prix ? Pas du tout ! Ce jury a été impartial. Il a été composé de sommités de la calligraphie internationale. Ce jury ne peut que trancher en connaissance de cause. Il n'a aucun intérêt à favoriser ou privilégier un artiste par rapport à un autre. Ce jugement vaut pour le président du jury qui est algérien, M. Mohamed Saïd Chérifi, un expert, un artiste et un enseignant dans la calligraphie, natif de Ghardaïa. M. Mohamed Saïd Chérifi possède une notoriété internationale dans la calligraphie. Il est régulièrement appelé à présider des jurys en Turquie. Les tableaux distingués par le concours resteront en Algérie et seront propriétés du musée. Est-ce une action profitable ? C'est une action très profitable. Ce sont des tableaux de grands maîtres que nous avons acquis. Imaginez, les noms de ces maîtres figurent dans des œuvres qui font la gloire de grands musées de par le monde. Surtout, il ne faut pas mettre en parallèle le montant du prix que nous avons accordé aux lauréats avec la véritable valeur de ce tableau. Ces œuvres d'art valent en réalité une fortune. Pour les auteurs, être distingué dans un festival est une référence qui compense la valeur de leur œuvre. Ils ne perdent pas au change. Pensez-vous déjà au prochain festival ? Permettez-moi de saluer ici le ministère de la Culture, notre tutelle et, en particulier, la ministre, Mme Khalida Toumi, qui a institué ce festival de la calligraphie. Par cette initiative, c'est l'Algérie, l'Etat algérien et tout son peuple qui organise un tel événement artistique et culturel. C'est le rayonnement de notre pays qui en est bénéficiaire. Nous pensons bien sûr au suivant et nous voudrions qu'il soit toujours meilleur. Dans nos festivals et contrairement à ceux qui se déroulent ailleurs, notre pays peut s'enorgueillir de la chaleur de l'accueil et de la haute qualité de notre hospitalité. Nous pouvons dire que sur ce plan, l'Algérie est un exemple loué par tous nos invités. Sans vous citer le pays, je vous dirai que les invités qui participent aux festivals qui y sont organisés, prennent personnellement à leur charge les frais et les dépenses qui s'y rapportent. Le festival de la calligraphie vient juste de se terminer et vous êtes en plein dans la préparation du suivant qui est celui de l'enluminure et de la miniature. Où en sont les préparatifs ? Alors que dans la calligraphie, nous n'avons pas de maître rivalisant sur le plan international, ce n'est pas le cas pour la miniature et l'enluminure. Mohamed Racim, à titre d'exemple, est un seigneur dans la miniature Son envergure est mondialement connue. Mohamed Racim est un maître dans cet art. Pour mieux le maîtriser, il avait séjourné en Iran, en Syrie, en Turquie. Ses tableaux sont sublimes. Nous avons aussi d'autres maîtres comme Mohamed Temmam et bien d'autres noms illustres. Nous avons aussi de brillants talents dans la miniature chez les nouvelles générations. Pour ce festival de l'enluminure et de la miniature, nous avons déjà fixé les dates. Ce sera pour le mois d'octobre, du 13 au 19. Nous avons déjà pris les contacts en ce qui concerne la participation étrangère. Pour nos nationaux, nous recevons chaque jour des demandes venant des quatre coins du pays. Nous les avons mis au courant individuellement de l'organisation de ce festival. Un concours sera mis en place pour récompenser les meilleures œuvres. Ce festival comporte, comme tous les autres, une partie théorique, outre l'exposition. Il y aura un séminaire avec des conférences et des ateliers pour les échanges d'expériences. Le lieu de ce festival sera bien sûr nos espaces du musée national de l'enluminure, de la miniature et de la calligraphie. Nous disposons ainsi de six salles pour la seule exposition. Ce magnifique palais Mustapha-Pacha, un lieu historique, est un cadre idéal pour ce festival. Par ses structures, sa décoration, son ameublement arabo-mauresque, il est une continuité et un prolongement du festival. Avec celui qui se tiendra en octobre nous en sommes déjà à la troisième édition. Rappelons qu'un festival de la miniature a été organisé en novembre 2007 à l'occasion de l'ouverture de notre musée.