Le cancer du sein reste la maladie la plus répandue chez la femme algérienne de moins de cinquante ans. Chaque année entre 15 000 et 20 000 femmes sont atteintes par cette maladie. Lors de la journée scientifique sur le cancer du sein organisée jeudi par l'association «Badr» au CHU de Frantz Fanon à Blida, les spécialistes ont mis en avant l'importance du dépistage «l'une des meilleures solutions pour réduire la mortalité par le cancer du sein, diminuer le coût de la prise en charge, améliorer la qualité de vie des malades». Le Pr Bendib a carrément appelé à préparer la guerre contre cette pathologie qui ne cesse de gagner chaque année du terrain. La preuve, il indique que 78% de l'ensemble du budget de l'établissement du centre anti-cancéreux Pierre et Marie Curie (CPMC) d'Alger est destiné au traitement du cancer du sein alors que les examens de sénologie représentent 50% de l'ensemble des consultations de chirurgie. Le Dr Hamdi, oncologue au CAC de Blida a confirmé que sur le nombre total de nouveaux cas de cancer déclaré chez la femme chaque année, 27% concernent le cancer du sein. Devant cet état de fait, l'oncologue estime qu'il faut passer à un “traitement à la carte” car l'ère du traitement du cancer du sein “à tout va” est révolue. «Il faut individualiser le traitement à chaque patiente et à chaque tumeur», a indiqué le Professeur pour qui le cancer du sein n'est en fait pas une mais deux maladies (loco-régionale et générale) dont les traitements varient en type et en objectifs. Selon lui, l'avancée de la recherche dans le domaine de la biologie a fait que la connaissance des bases moléculaires de ce cancer permet une approche thérapeutique sélective. Ainsi l'identification de bio marqueurs permet aussi de mieux sélectionner les patientes pour les divers traitements. Pour le Pr Yazid Belkacemi, chef de service de radiothérapie à l'hôpital Henri Mondor en France, qui a traité le thème de l'hormonothérapie adjuvante du cancer du sein, le Tamoxifène reste un excellent traitement de recours. Le scientifique indique que le traitement par le Tamoxifène, dure cinq années. RECONSTRUCTION MAMMAIRE : UNE OPÉRATION BIEN MAÎTRISÉE Le Pr Meziane, du service de sénologie du CPMC qui a abordé le sujet de la reconstruction mammaire après une ablation due au cancer, signale que 209 patientes sur 212 ont subi ce type d'opération depuis la création de ce service il y a dix ans. La spécialité est récente en Algérie. Pour une telle cette opération, la patiente doit en être informée dès la première consultation «car elle n'est pas obligatoire et doit être le choix de la patiente, puisqu'elle implique au moins deux interventions complémentaires». Toutefois cette reconstruction ne change pas l'évolution naturelle de la maladie. Il y a lieu de noter que les prothèses en silicone ne présente aucun danger de maladie auto-immune en plus elle apporte un plus qui peut reconstruire la féminité, la maternité et la sexualité de la patiente. Le Pr Chakali, psychiatre, a abordé le thème du soutien psychologique aux patientes qui ont subi l'ablation du sein. « Le traitement psychologique est important dans les différentes étapes pour les patientes. En outre, la vulgarisation de l'information sur la maladie prépare les patientes à accepter cette pathologie, surtout que son annonce constitue un choc pour tous les patients».