Que devient Sidi Ali Sakhri ? Je dirige depuis le début de l'année 2009 le club de l'OFAC (Ouled Fayet Athlète Club), que j'ai moi-même créé. Je suis également l'entraîneur d'un groupe de jeunes minimes, cadets et juniors, spécialisés dans les courses de demi-fond et cross-country. Je mets réellement du cœur à l'ouvrage et tente avec ma longue et riche expérience d'athlète de haut niveau et ma formation de TS.S, faire arriver mes jeunes athlètes à un niveau de performance mondiale. Pour l'heure et malgré certaines difficultés, la progression d'ensemble est fort prometteuse. On croit savoir que vous aviez déjà dans un passé récent encadré un groupe d'athlètes confirmé celui-là. Pourquoi l'avoir lâché ? C'est vrai, ce groupe d'athlètes que je dirigeais au début des années 2000 et que je prenais en charge personnellement, tout comme je le fais à l'heure actuelle avec les jeunes, a été, alors qu'il avait atteint dans sa globalité un honorable niveau international tant en cross-country, qu'en marathon et autres courses sur route, poussé à la déperdition. Avec Saïd Belhout, Noureddine Betchine, Amar Dehbi, Mustapha Benacer et Abdelhak Lebouazda, l'équipe avait fière allure et a réussi à se hisser à la 7e place au Mondial 2002 de semi-marathon en Angleterre. En 2003, et alors que 6 de mes athlètes, sur les 10 retenus en équipe nationale de cross, la FAA a décidé et de manière unilatérale à n'engager qu'un athlète au mondial de cross. C'était pratiquement la principale cause qui a entraîne le découragement et la dislocation de tout le groupe et ma mise à l'écart en tant qu'entraîneur de l'élite nationale. Peut-on avoir une idée sur votre itinéraire sportif ? Mes premières foulées d'athlète je les ai faites durant la saison 78. C'est Abderrahmane Bachiri mon prof de sport et entraîneur à la section d'athlétisme du Nadit (ex-Onaco) qui m'a mis le pied à l'étrier. Après seulement quelques séances d'entraînement, je me classe 3e au championnat régional cadet à Bouchaoui. Quelques jours après, je pointe à la 6e place au national qui a eu lieu au Caroubier. Une course remportée par le déjà talentueux Rabah Aboura du RCK. De la fin 79 à 88, je porte à mon tour les couleurs du RCK. En 89, je rejoins la section de la DNCA. Après une seule saison, je passe au MCA où je reste jusqu'en 94, avant de courir pour les couleurs du CRB de 95 à 96. Je continue à courir à titre individuel et au niveau international jusqu'en 2003. Aussi, je suis resté compétitif dans les courses sur route jusqu'à l'âge de 42 ans. Depuis vous avez mis au placard vos vieilles «pointes» Pas tout à fait puisque je continue à m'entraîner régulièrement, puisqu'il m'arrive de temps en temps à prendre part à des courses internationales réservées aux vétérans. A 48 ans, et malgré la responsabilité de la famille et de mes cinq enfants, la passion pour la course à pied me dévore encore. Courir c'est mon oxygène. Une idée sur votre palmarès ? Je compte une participation au mondial junior de cross-country (45e en 80 à Longchamps en France). En 83, je décroche la 5e place au cross-country en individuel et la médaille d'or par équipes avec l'EMEPS au mondial du CISM d'Alger. En 84, j'occupe la 12e place individuelle au cross long cette fois et la médaille d'or par équipes avec l'EMEPS à Tunis. En 87, à Séoul, je me classe à la 6e place au mondial de marathon avec la clé un nouveau record d'Algérie (2h 13' 29''). J'ai eu le privilège de remporter plusieurs marathons internationaux (Metz en 85, Dakar en 86, Turin en 95, Venise en 96). Je comptabilise également la 1ère place au semi-marathon d'Ivry, remporté dans le cadre du championnat de France en 1h56'22'', performance considérée comme record d'Algérie et de France et 10e dans le monde. J'ai par ailleurs aligné d'autres résultats intéressants : 3e au marathon de Paris en 93, 4e au marathon de Venise en 2h11'44'' (94), 4e au semi marathon de Marakech (94) qui a regroupé tout le gotha mondial de spécialistes sur route, 5e au grand prix l'IAAF de cross-country à Tokyo (95) et 4e au marathon de Prague (97). Que retenez-vous comme meilleur souvenir de votre carrière ? Ma 5e place en individuel et ma médaille d'or par équipes avec l'EMEPS au mondial du CISM à Alger, ma 6e place en coupe du monde à Tokyo en 87, resteront pour moi les plus beaux moments de ma carrière qui est pourtant agrémentée par bien d'autres succès et distinctions. Votre plus mauvais souvenir par contre ? Je l'ai vécu en 2003, lorsque la FAA a annulé la participation algérienne au mondial de cross-country par équipes et où devaient prendre part six de mes athlètes sur les 10 possibles. Et dire que les six athlètes en question, je les ai pris en charge personnellement aussi bien pour ce qui est de l'hébergement, la restauration, des soins que des visas et billets d'avion. La course à pied en général ? Cette manifestation qui concernait des millions de jeunes à travers tout le territoire national était le réel fil conducteur à la pratique, et un efficace moyen de détection de jeunes talents. L'absence de site d'entraînements et l'omniprésence du béton a fait que les effectifs ont baissé de manière inquiétante. Votre athlète modèle ? En Algérie, j'étais en admiration devant les impressionnantes qualités d'endurance et d'aisance du regretté Abdelmadjid Mada, le médaillé d'or du marathon des JM de Split (79). A l'étranger, j'étais sous le charme de l'insolante réussite du champion olympique et du monde de Djibouti Ahmed Salah. Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes adeptes de la course à pied ? Aimer passionnément la pratique, sans se soucier de l'avantage matériel, qui viendra tout seul en cas de réussite. Travailler en se sacrifiant mais avec des objectifs bien précis. Surtout respecter l'éthique sportive et ne pas tomber dans le piège du dopage. Faire attention à l'hygiène de vie et être à l'écoute de l'entraîneur. Voilà en gros et à mes yeux la conduite à tenir pour un jeune athlète qui veut réussir. Quel est l'entraîneur qui vous a le plus marqué ? Le regrettée Bendahmane, Bouleghlem parti en France et Amar Bouras, resteront les entraîneurs qui ont le plus forcé mon respect. Quelles comparaison faites-vous entre le demi-fond de votre génération et celui de ces dernières années ? L'argent qui coule à flots et le doping ont carrément freiné l'élan d'une spécialité jadis particulièrement porteuse, avec une réelle densité d'athlètes de niveau mondial. N'y a-t-il pas réellement de relève ? Certes, il y a des potentialités à travers le pays qui ne deman dent qu'à être encouragées et prises en charge. Là où le bât blesse, c'est le manque flagrant de techniciens compétents. Aussi l'insuffisance de centres de préparation, comme celui de Chlef et de Tikjda qui n'est malheureusement pas utilisé de manière permanente se fait nettement sentir. Quel autre métier auriez-vous pu faire si vous n'étiez pas entraîneur ? J'aurais du mal à faire autre chose, qu'être entraîneur. J'ai tenté une incursion dans la vente d'articles de sport. J'ai vite faite d'abandonner. Beaucoup de vos collègues entraîneurs ont préféré exercer leurs compétences dans les pays du Golf, pourquoi pas vous ? J'ai eu la possibilité de le faire en Jordanie, mais l'offre qui m'a été faite était loin de répondre à mes exigences. J'ai préféré ainsi m'investir dans mon pays pour encadrer avec beaucoup de bonheur et ma famille et mes athlètes. Je ne le regrette pas. Vos relations avec l'actuelle FAA ? Excellentes pour l'heure, d'autant qu'avec le président Badreddine Belhadhoudja, je dispose de tout le soutien nécessaire. A 48 ans, vous venez de vous engager pour le championnat du monde de marathon. Etes-vous bien paré pour mener à bien votre mission ? Effectivement, nous avons Azzedine, mon frère âgé quant à lui de 42 ans, et moi-même officiellement confirmé notre participation au championnat du monde en question prévu le 6 mars prochain à Kamloops au Canada. Autorisés par la FAA, nous ferons le déplacement à nos frais personnels et comptons énormément sur le sponsoring d'Air Algérie qui nous a donné l'accord de principe. Pour la course proprement dite, nous allons avec l'espoir de bien figurer et de faire honneur aux couleurs nationales.