Le coup de tonnerre de Gbagbo, décidant de la dissolution du gouvernement et de la commission nationale électorale suspectée d'être proche de l'opposition, a ravivé les vieilles tensions. C'est de nouveau l'impasse. Enlisée dans une crise sans fin, la crise politique en Côte d'Ivoire vient de connaître un retournement de situation dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle a remis en cause tous les efforts de stabilisation entrepris par la communauté internationale (Onu et UA) et conforté par la médiation burkinabé garantissant les conditions de reprise du processus électoral (assainissement de la liste électorale, organisation des élections présidentielles et réunification). A l'arrêt depuis la fin de mandat du président Laurent Gbagbo, en 2005, la remise sur les rails a complètement dérouté. L'épreuve des 429.000 vrais-faux électeurs, contestée par le Front populaire ivoirien (Fpi) au pouvoir et provoquant la protesta des milliers de personnes radiées des listes électorales, a mis le feu à la poudre. Le coup de tonnerre de Gbagbo, décidant de la dissolution du gouvernement et de la commission nationale électorale suspectée d'être proche de l'opposition, a ravivé les vieilles tensions. Le retour à la case départ a suscité les plus vives inquiétudes sur l'issue de la crise dont a été attendu un début de règlement consensuel. Reportées pour la 6e fois, les présidentielles auront-elles lieu ? C'est du moins la question que se posent les observateurs de la scène ivoirienne sceptiques sur le retour à la légitimité constitutionnelle et démocratique. L'embrouillamini ivoirien laisse planer les pires incertitudes. Le bras de fer entre Gbagbo, prônant la reconduction du Premier ministre en consultations serrées pour la formation d'un «gouvernement sans parti», et l'opposition dénonçant le «coup d'Etat» et son refus de coopération, s'instaure. Dans un communiqué lu par un dirigeant de la coalition de l'opposition, le Rassemblement des Houphouenistes pour la démocratie et la paix (RHDP), il est ainsi affirmé, conséquemment à la double annonce que «le RHDP proclame la non-reconnaissance de M. Laurent Gbagbo en tant que Chef d'Etat». Elle précise que «nous demandons aux forces de sécurité de se conformer scrupuleusement à leur mission républicaine». Sombres perspectives.