Le médiateur dans la crise ivoirienne, le président burkinabé Blaise Compaoré, s'est rendu hier en Côte d'Ivoire pour y rencontrer les principaux dirigeants, alors que le processus électoral est actuellement bloqué, a annoncé dimanche dernier la présidence du Burkina Faso. Cette visite survient alors qu'une rencontre dimanche à Ouagadougou du chef de l'Etat burkinabé avec les deux chefs de l'opposition ivoirienne, l'ancien président Henri Konan Bédié et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara, n'a pas permis de sortir de l'impasse née de la dissolution du gouvernement et de la commission électorale par le président Laurent Gbagbo le 12 février dernier. Une réunion «en urgence» de M. Compaoré et des principaux dirigeants ivoiriens a été annoncée, dans l'objectif de «débloquer» la situation politique actuelle. Les différentes parties ivoiriennes se sont retrouvées dimanche à Ouagadougou, au Burkina Faso. Depuis l'annonce de la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale, la Côte d'Ivoire est devenue le théâtre de plusieurs affrontements meurtriers. La réunion de Ouagadougou devait démêler les fils de cette crise corsée. Les responsables politiques ivoiriens tentent, sans grand succès pour le moment, de renouer le dialogue alors que les manifestations et les violences se sont multipliées, faisant des morts, après la dissolution par le président Laurent Gbagbo du gouvernement et de la Commission nationale indépendante vendredi dernier. Blaise Compaoré a rencontré Henri Konan Bédié, le chef du Parti démocratique de Côte d'Ivoire, et Alassane Dramane Ouattara, le leader du Rassemblement des républicains. Tous deux sont candidats au scrutin présidentiel qui ne cesse d'être reporté en Côte d'Ivoire. Interrogé sur la situation dans son pays, Paul-Antoine Bouhoun Bouabré, représentant spécial de Laurent Gbagbo à la conférence des chefs d'Etat de l'Uemoa, a affirmé que la Côte d'Ivoire vivait «l'un des derniers soubresauts» de la crise dans laquelle elle est plongée depuis 2002. «On a connu des situations difficiles depuis 2002, a déclaré le responsable politique ivoirien. En 2004, il y a eu des pics […]. Cette crise que nous connaissons maintenant, à mon avis, est l'un des derniers soubresauts de la longue crise que nous avons connue jusqu'à maintenant. […] Quand on aura franchi cette étape, la voie pour les élections sera grandement ouverte.» Des élections que souhaitent les Nations unies au plus tard en juin. «Tout le monde le souhaite», a poursuivi Paul-Antoine Bohoun Bouabré. Déjà reportée, l'annonce de la composition du nouveau gouvernement ivoirien était attendue pour hier. Avant d'y participer, l'opposition réclame le «rétablissement immédiat» de la Commission électorale indépendante (CEI) et elle a même demandé la «démission» du chef de l'Etat.