Tracer des stratégies et des politiques de développement durable dans un environnement extrêmement mondialisé, est l'un des facteur clefs les plus importants pour le développement économique et social d'un pays. Maîtriser ses ressources naturelles (gaz, pétrole, eau, solaire et agriculture) demeure plus que nécessaire pour la réalisation d'une croissance profitable à long terme en revalorisant ses potentiels et en investissant essentiellement dans divers domaines. Dans le cas de l'Algérie, qui possède également de nombreuses ressources, cette vision de planification future semble néanmoins imperceptible. C'est en tout cas, le constat qu'a dressé M. Francis Ghiles, ancien correspondant du Finanical Times dans le Maghreb et chercheur au CIDOB ( Barcelone), au cours d'une communication portant thème " les éléments clefs de l'économie algérienne d'aujourd'hui, opportunités et risques ", dans le cadre d'un atelier de Workshop club des journalistes, une initiative organisée conjointement par AHK Algérie (Chambre algéro-allemande de commerce et d'industrie) et la Fondation Friedrich Naumann. Après avoir longuement relaté l'histoire économique de l'Algérie, de l'indépendance à nos jours, notamment les différents étapes et événements politiques qui ont influencés sur l'économie algérienne, l'interlocuteur a tenu à exprimer ses impressions quant au système économique algérien d'aujourd'hui. "On n'arrive pas à définir la politique économique de l'Algérie, savoir quelle politique d'exportation l'Algérie va poursuivre d'ici à l'horizon 2030 par exemple, il n'y a pas une vision claire, parce que les dirigeants algériens ne tracent pas des stratégies et des politique à long terme", a-t-il indiqué. En citant, à titre d'exemple, les mesures rétroactives de la loi de finances complémentaire pour 2009. Selon lui, l'Algérie doit établir de grands axes pour que le pays puisse attirer davantage les investisseurs étrangers, et ainsi instaurer une confiance, qui est un facteur fondamental, en dehors du secteur hydrocarbures où la plupart des contrats sont satisfaisants au détriment d'autres secteurs qui peuvent être plus rentables dans le soucis où on veut réaliser une économie diversifiée. M. Ghiles a jugé important d'avoir la visibilité d'un plan directeur des études de prospection. "Tant qu'il n'y a pas d'études de perspectives, on n'avance pas", a-t-il lancé dans la foulée. Puisque, poursuit-il dans le même ordre d'idées, "depuis 35 ans déjà, rien n'a changé dans cette politique, si l'on prend en considération des revenus algériens qui proviennent à 98% des recettes des hydrocarbures". Selon lui, il existe des tas d'opportunités à revaloriser, à l'instar des hydrocarbures, il est même intéressant d'investir dans des dérivés, développer l'industrie des engrais, des produits pharmaceutiques, les matériaux de construction, le secteur des services et l'agriculture. D'après lui, il faut savoir analyser les réserves de pétrole et gaz développer notamment l'off shore. A la lumière de la crise mondiale, quelques donnes ont changé ; la demande et la consommation du gaz, pour certains pays européens a baissé. En citant l'exemple de l'Espagne et le projet de Medgaz avec l'Algérie, selon l'interlocuteur, l'Algérie doit se préparer à s'adapter éventuellement avec ce genre de situation imprévisibles. "L'Algérie ne s'exprime pas clairement, on ne sait pas ce que les gens économiques veulent faire", a-t-il réitéré. L'orateur estime, par ailleurs, avantageux pour l'Algérie de diversifier son économie en s'appuyant aussi sur l'encouragement du secteur privé, et l'appel à la diaspora, qui est une mine d'or. Sachant que 8 milliards de dollars de capitaux privés fuient la région du Maghreb chaque année et s'ajoutent au stock existant estimé à 200 milliards de dollars. "On assiste à ce que l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, Abderrahmane Hadj Nacer, a qualifié de formation d'une bourgeoisie moderne hors des frontières du Maghreb", a-t-il indiqué. Les pouvoirs ignorent cette formidable fenêtre sur le monde, ces jeunes qui sont autant de ponts avec l'extérieur. Il a suggéré, dans ce contexte, de faire participer cette catégorie intellectuelle dans la participation à l'édification de leurs nation. Mais, pour faire venir cette diaspora, il faudrait d'abord établir un climat de confiance qui convienne à des règles internationales reconnues, a-t-il souligné. Avant d'ajouter que les réformes économiques ne se feront que par une nouvelle génération d'intellectuel. En somme, pour développer une économie durables, le niveau d'éducation à besoin d'un grand effort, il faut revaloriser ce secteur fondamental. Selon M. Ghiles, il faut que l'Algérie songe à créer des écoles internationales de management de gestion hydrocarbures par exemple, faire venir des professeurs internationaux au lieu d'aller à l'étranger, et former ainsi une élite nationale capable de prendre la relève dans la gestion du pays.