«Les divisions du Maghreb ont arrangé pendant longtemps. Mais avec la crise économique et la montée de la Chine la demande d'un Maghreb revient». C'est en ces termes que Francis Ghiles, chercheur au Centre d'études internationales de Barcelone, a conclu, hier, le débat intitulé «Le coût du non-Maghreb ne cesse d'augmenter». Lors de cette rencontre organisée à l'Ecole supérieure des affaires à l'initiative du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE), le conférencier est revenu sur les différents facteurs à l'origine du blocage du projet de l'intégration économique maghrébine. Pour M. Francis Ghiles, il est temps de mettre en place les moyens nécessaires à la construction maghrébine sur le plan économique d'autant que la conjoncture internationale, notamment en Europe et en Méditerranée, le permet. Rappelant que le non-Maghreb coûte cher aux pays de cette région, l'invité du CARE mettra l'accent dans son intervention sur la nécessité d'uniformiser les instances juridiques, de lancer une monnaie unique, d'ouvrir les frontières terrestres et, enfin, d'encourager le retour de la diaspora. «Qu'on s'adresse aux élites établies en Europe et en Amérique du Nord. Si on ne fait pas appel à elles, on n'arrivera à rien», dira M. Francis Ghiles à l'assistance. Et de noter que 40 000 ingénieurs et cadres algériens travaillent en Amérique du Nord et en Europe alors que, globalement, l'épargne de la diaspora nord-africaine dans ces deux régions est de l'ordre de 200 milliards de dollars. Mais cette épargne ne profite pas au Maghreb dont les pays devraient, selon le conférencier, prendre l'exemple de la Chine, de l'Inde et de l'Afrique du Sud, donc à faire appel à cette diaspora pour contribuer à construire l'économie de leurs pays. Sur un autre plan, le chercheur au Cidob liera l'absence d'un Maghreb unifié économiquement à la question du Sahara occidental. Pour lui, le conflit du Sahara occidental représente toujours l'un des obstacles majeurs à une coopération indispensable entre le Maroc et l'Algérie. Ce qui freine toujours, selon le conférencier, les échanges régionaux qui pourraient se développer conjointement avec la Tunisie. Pourtant, a-t-il estimé, «une complémentarité existe entre les trois pays et, si elle était encouragée par l'Union européenne, une collaboration politique et économique aiderait à résoudre bien des problèmes de la rive sud de la Méditerranée». Mais, Abdelaziz Rahabi, ancien ambassadeur d'Algérie en Espagne et ancien ministre de la Communication ne partage pas l'analyse de l'expert du Cidob. Pour Rahabi, aborder la panne du non-Maghreb par le problème du Sahara occidental n'est pas tout à fait correct. «Il ne faut pas faire porter à l'Algérie le prix du non-Maghreb. Car, il n'y a pas une volonté de le faire de la part de tout le monde et non pas uniquement par l'Algérie», expliquera Rahabi pour qui le Maghreb ne peut être construit par l'économie seulement. Cela pour dire que politique est absent. S. I.