Le parquet de Dubaï a lancé des mandats d'arrêt internationaux contre onze «Européens» impliqués dans l'assassinat de Mahmoud al-Mabhouh, un dirigeant de Hamas. Le Général Dhafi Khalfan Tamim, le chef de la police de l'Emirat, les soupçonne de rouler pour le Mossad et n'exclut pas de lancer un mandat d'arrêt contre Benjamin Netanyahu s'il s'avère que le service secret israélien était responsable de l'assassinat. L'Etat hébreu observe officiellement le mutisme. Une nouvelle guerre froide s'annonce au Moyen-Orient. Les Onze seraient impliqués dans l'assassinat dans une chambre de l'hôtel Bustan Rotana à Dubaï le 20 janvier de Mahmoud al-Mabhouh, 50 ans, un des dirigeants de Hamas. Parmi ces «Européens», six sont détenteurs de passeports britanniques et trois, dont une femme, d'un passeport irlandais. Le service israélien accuse le Palestinien d'être le cerveau, pendant la première Intifada palestinienne (1987-1993) de l'enlèvement des deux soldats de Tsahal (Avi Sasportas et Ilan Sa'adon, en 1989) qui ont été tués après et d'être depuis un pourvoyeur d'armes. Il ne semble pas lui pardonner les propos qu'il a tenus dans une vidéo diffusée par la télévision Al-Jazira : il s'était vanté d'avoir exécuté des soldats israéliens. Selon les extraits de la vidéosurveillance, les «onze» auraient loué une chambre dans le même couloir qu'Al-Mabhouh peu de temps avant de l'assassiner. Selon la presse, quatre à sept agents du Mossad ont injecté à Al-Mabhouh un produit qui a provoqué une crise cardiaque. Ils ont ensuite fait des copies de tous les documents en sa possession avant de quitter la chambre en accrochant le panneau «Ne pas déranger» sur la porte. «Il a été étouffé après avoir reçu peut-être une décharge électrique», explique le général Khalfan ajoutant que deux Palestiniens ont apporté un soutien logistique au commando. Livrés par la Jordanie selon la chaîne de télévision Al Arabiya, où ils ont fui, les deux Palestiniens pourraient aider les enquêteurs à identifier les suspects. De «forts soupçons» pèsent sur les deux hommes, le premier pour avoir «rencontré un membre du commando» avant l'assassinat et le second pour ses liens avec le premier. Raisons de ces soupçons : «Mabhouh est arrivé le 19 janvier, soit le lendemain de la réservation de sa chambre à l'hôtel avec un passeport qui ne porte pas son nom de famille. «Ce laps de temps est trop court pour que le commando puisse se préparer et arriver à Dubaï», explique le général Khalfan convaincu que le commando a agi avec des complicités sur place. Adnan al-Damiri, le porte-parole des services de sécurité palestiniens, est formel : «Les deux hommes appartiennent aux services de sécurité du Hamas. Le mouvement palestinien aurait-il été infiltré ? Khaled Mechaal, le chef de Hamas en exil, ne l'exclut pas. Il avait déclaré la semaine dernière que son mouvement mènerait une enquête interne sur cet assassinat. Les Irlandais, les Français et les Britanniques «croient» que les passeports utilisés par ces personnes sont des faux. Selon le Daily Telegraph, des sources gouvernementales britanniques lui ont indiqué que les détenteurs de passeports irlandais étaient des agents du Mossad. Ce n'est pas la première fois que le Mossad, très probablement derrière cette liquidation, utilise un passeport d'un pays européen pour noyer les pistes autour de ses sales besognes. Il avait déjà mené des opérations d'assassinat de dirigeants palestiniens à l'étranger, dont le bras droit du dirigeant historique Yasser Arafat, Abou Jihad, en avril 1988 lors d'un débarquement à Tunis, et le chef de l'organisation radicale du Djihad islamique Fathi Chakaki en octobre 1995 à Malte. Comme il avait mené l'assassinat du général syrien Mohammed Suleiman, un proche collaborateur de Bachar el-Assad, du commandant en chef de la résistance libanaise, le général Imad Moughniyeh, de l'expert nucléaire iranien Massoud Ali Mohammed. Ce n'est pas la première fois aussi que des pays européens enfreignent les lois internationales contre le terrorisme en fournissant des passeports aux escadrons de la mort du Mossad pour tuer à Abou Dhabi qui a, un jour avant cet assassinat, invité Uzi Landau, le ministre israélien des Infrastructures, à la conférence de l'Agence des énergies renouvelables. Serait-il entré cet escadron de la mort sous le prétexte de sa sécurité ?