Photo : Fouad S. La commune de Douéra (sud-ouest d'Alger), et plus précisément le site Riyacha 2, a connu une opération de démolition des constructions illicites. Les services de l'APC, assistés par les unités d'intervention des forces de l'ordre, ont procédé à la démolition de 98 maisons, dont le taux d'achèvement des travaux varie d'une unité à l'autre et 12 locaux commerciaux. Quelque 400 propriétaires de ces habitations se sont rassemblés, devant le siège de l'APC pour protester contre la décision du maire, Sadek Mokaddem. Interrogé justement sur le motif de cette décision, le premier responsable de la localité a dégagé toute responsabilité. «C'est une décision de la commission interministérielle», a-t-il précisé. Cette commission est composée de la police de l'urbanisme, des services de la wilaya, de l'hydraulique, de l'agriculture et du technique de l'APC de Douéra et de la wilaya déléguée de Draria. «Cette décision a été arrêtée dans le but de stopper l'hémorragie qui ne cesse de ronger les terres agricoles», affirme M. Mokaddem qui précise que «ces habitations sont toutes situées sur des exploitations agricoles collectives (EAC) et que les propriétaires de ces habitations ne disposent pas de permis de construire.» Pourquoi en est-on arrivé là ? Les services de contrôle ont-ils failli à leur mission ? Le maire, sans trop s'étaler sur les tenants et les aboutissants de ce dossier, déclare qu'«il y a des constructions qui ont été réalisées pendant le mandat qui a précédé le mien comme il y a des constructions qui s'érigent en catimini pendant la nuit». Sur les quelque 300 habitations situées sur le site Riyacha 2, le P/APC a affirmé que la décision s'applique en premier lieu aux maisons en phase de construction ou non habitées. Le wali délégué a instruit l'APC de rassembler tous les dossiers des personnes touchées par la décision. «NOUS AVONS ACQUIS CES TERRAINS LÉGALEMENT» Les protestataires se défendent. «On ne veut pas payer pour les erreurs des autres, la majorité d'entre nous a acquis son lot de terrain vers la fin des années 1990. On a commencé à bâtir avec des autorisations délivrées par l'ancien maire», ont-ils clamé. Ces habitants déplorent le fait que la décision ait été appliquée sans préavis de démolition «au moment où nous nous attendions à une décision de la justice par rapport à la régularisation de notre situation». Si le président de l'APC parle de maisons inhabitées, les protestataires justifient cette situation par le fait que leurs maisons ne sont raccordées ni au réseau de gaz naturel ni à celui électrique. «C'est impossible d'habiter dans des conditions pareilles», a déclaré un des propriétaires désigné comme délégué. A l'image des propriétaires de Riyacha 2, beaucoup d'autres citoyens, dans différents sites, attendent que leurs habitations soient homolognées ou démolies. Contacté par téléphone pour s'expliquer sur la décision de l'Etat de régulariser des milliers d'habitations dépourvues de permis de construire ou de certificat de conformité à la faveur de l'entrée en vigueur du décret n°09/154 du 2 mai 2009 en application des dispositions de la loi du 20 juillet 2008, un responsable du service de l'urbanisme de la wilaya d'Alger s'est contenté d'affirmer que «ces personnes n'ont aucune preuve sur la possession de ces parcelles de terrain et nul n'est censé ignorer la loi sauf les déficients». «Le wali délégué nous demande de constituer des dossiers pour avoir un éventuel certificat de conformité ou un permis de construire», ont déclaré les protestataires.