«La citoyenneté est un concept développé dans le monde arabe bien avant la révolution française. Grâce à l'Islam», a affirmé hier à Alger Abdelaziz Belkhadem, représentant personnel du Président Bouteflika, lors de la 11e semaine nationale du Coran. Dans le même contexte, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs a souligné que notre prophète a été envoyé pour l'humanité entière et par conséquent, devaient la servir. «Servir non seulement les musulmans mais également les non-musulmans. Car tous ont les mêmes droits. Si nous vivons aujourd'hui dans tant de problèmes, c'est parce que le Coran est mal appliqué», dit-il. Avant que la révolution française ne revendique l'égalité, ajoute-t-il, l'Islam l'a fait et Médine en est le parfait illustrateur. C'est cette égalité même qu'on appelle aujourd'hui «liberté» ou «démocratie». «Dans l'Islam, le citoyen est appelé à servir sa famille d'abord, puis son quartier, sa ville, son pays et enfin, l'humanité», dit-il. Cependant, cette conception de la citoyenneté n'est pas utilisée dans le monde arabe aujourd'hui, fera remarquer, dans son intervention, l'universitaire Ali Halitim. «Le monde arabe et musulman adopte aujourd'hui un concept occidental de la citoyenneté. Un concept dans lequel la religion et l'Etat sont en rupture. C'est pour cette raison que les jeunes, les pratiquants notamment, rejettent la citoyenneté. Parce qu'ils croient que ce concept est en contradiction avec la religion. Ce qui est entièrement faux !», assure-t-il. Pour des raisons psychologiques, économiques et sociales, explique-t-il, le jeune d'aujourd'hui n'arrive pas à assimiler la citoyenneté. Le rejet de la citoyenneté, constate l'universitaire Ahmed Aissaoui, fait que notre jeunesse cherche à fuir l'endroit où elle est née. «Nous mettons nos enfants au monde, mais ils n'ont rien de nous parce que nous n'avons rien à leur donner. Leur regard est constamment tourné vers l'ailleurs parce que nous ne produisons pas grand-chose. Avec quoi allons-nous entrer dans le troisième millénaire ? Le monde occidental, avec toute sa technologie, est impuissant face à tous ces problèmes que traverse l'humanité. Mais nous, nous avons les solutions dans le Coran. Qu'attendons-nous pour les utiliser ?», s'interroge-t-il. Cela dit, ceci ne signifie pas pour autant, relève l'universitaire El Douadi Goumidi, que notre jeunesse ne porte pas en elle l'esprit patriotique. «Ce qui s'est passé avec la qualification de l'équipe nationale à la Coupe du monde en est la preuve. Le patriotisme est quelque chose d'instinctif. Les Algériens sont capables de citoyenneté. Mais pour cela, il faut les préparer, à long terme, à l'accueillir, à l'assimiler et à l'exercer».