Recréer une image positive de la femme dans les médias, a constitué la pierre angulaire du débat tenu jeudi au siège du Conseil de la nation sous l'intitulé « image de la femme dans les médias ». L'ensemble des participants a évoqué les différentes contraintes des médias (financement, publicité, accès difficile à l'information, lacune dans la formation des journalistes) qui expliquent le traitement marginal ou occasionnelle de la question de la femme. Mais unanimement, les participants ont refusé de culpabiliser les médias dans la diffusion de l'image stéréotypée de la femme ou d'être derrière un quelconque échec de sa promotion. Ils ont plutôt appelé à sensibiliser tous les acteurs agissant dans le secteur aux enjeux de l'égalité entre les hommes et les femmes dans les médias. Et pour faciliter cette option, la ministre déléguée chargée de la Recherche scientifique, Souad Bendjaballah, a suggéré la mise en place d'une cellule de suivi pour analyser les articles et photos publiés par les médias sur la femme. «La cellule doit regrouper des spécialistes et des professionnels», propose-t-elle tout en mettant en exergue le rôle des femmes journalistes dans le façonnement de l'opinion publique. La ministre déléguée chargée de la famille et de la condition féminine, Nouara Djaâfar, a affirmé que la stratégie nationale de promotion et d'insertion de la femme, adoptée par le Gouvernement en date du 29 juillet 2008, « prévoyait un plan qui définit les priorités dans chaque secteur ». Evalué tous les deux ans, ce plan tend à mettre en avant les progrès enregistrés au profit de la femme dans différents domaines, à savoir la législation, l'éducation, la santé, les œuvres sociales et la participation économique et politique. Mais elle fera remarquer que la représentation féminine au Parlement ne dépasse pas les 6,94 % et pas plus de 13% au niveau des APW. La ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, a prôné la mise en œuvre obligatoire des lois relatives à la femme, ajoutant que l'Algérie a une stratégie sur la femme qu'il convient de mettre en application pour qu'elle puisse donner ses fruits en 2013. Par ailleurs, le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Hamid Bessalah, a évoqué le projet pilote initié par son département dans le cadre de la généralisation de l'utilisation de l'outil informatique et l'accès à Internet au profit de la femme inactive. «LES MÉDIAS ARABES PRÉSENTENT LA FEMME COMME IGNORANTE, OPPORTUNISTE ET MATÉRIALISTE» La représentante du centre de la femme arabe pour la formation et la recherche, « COUTHAR », basé à Tunis, Mme Medjberi, a présenté les résultats d'une enquête menée en 2007 par le centre et basée sur 55 études arabes relatives aux médias et à la femme. L'étude révèle que les hommes sont plus présents dans le domaine médiatique. En outre, les médias dans les pays arabes sont gérés par des hommes. «L'enquête montre aussi que ces médias présentent la femme comme étant ignorante, opportuniste et matérialiste », ajoute l'intervenante. Autre travers révélé : la présence en force de la femme aux postes de responsabilités n'a pas contribué à améliorer son image ni ses compétences en matière de prise de décisions. Les directrices des journaux El Fedjr et Horizons, respectivement Hada Hazzam et Naama Abbas, ont toutes deux évoqué les contraintes financières dans lesquelles se trouvent les journaux. « Ce nerf de la guerre nous contraint, à chaque réunion de menu, à s'interroger de prime abord sur le nombre de pages de pub réunies pour chaque édition. Le financement est notre éternel souci », dira Naama Abbas. Nachida Lahrech, présidente d'une association chargée de la formation en communication, a fustigé la télévision nationale qui « véhicule des images contraires au rôle de la femme joué dans la société ». Pour elle, « la faiblesse de la formation des journalistes sur la question féminine » est un facteur déterminant dans le véhicule de l'image positive de la femme par les médias.