Peu d'Algériens connaissent le rôle important que joue le Service d'observation et d'éducation en milieu ouvert (SOEMO) dans la prévention, le suivi, l'insertion et la pédagogie des enfants en danger moral. Créé au début des années 60, le SOEMO qui a fait ses preuves durant les deux décennies qui ont suivi sa création, se trouve depuis les années 90 marginalisé, déstructuré et dépourvu de tout moyen humain et matériel nécessaire pour réaliser une telle mission. Pour le réhabiliter, la direction générale de la famille et de la cohésion sociale en collaboration avec la direction de la protection et de la promotion de l'enfant et de l'adolescence et des programmes de solidarité envers les jeunes, a organisé hier à Alger une réunion avec les chefs des SOEMO des 48 wilayas. Une rencontre qui vient, selon certains participants, suite aux pressions exercées par le ministère de la Justice qui n'a pas cessé d'appeler à renforcer le SOEMO afin d'accompagner les jeunes en difficulté et permettre leur intégration sociale et professionnelle. Au cours du débat qui s'est articulé essentiellement autour de l'octroi des moyens matériels, le plan de charge et la carrière professionnelle, l'ensemble des intervenants a fait des rapports accablants pour décrire la situation professionnelle et la précarité dans lesquelles s'activent les travailleurs de ce service. «Donnez-nous les moyens et vous démontrera notre capacité sur le terrain», a lancé M. Boucena, responsable du SOEMO de la wilaya d'Alger qui connaît depuis les deux dernières décennies une croissance incontrôlable de la délinquance juvénile à cause de l'exode. N'empêche, avec des moyens dérisoires qui s'appuient souvent sur une volonté du personnel des éducateurs ou des psychologues, plus de 1400 cas a été traités durant l'année écoulée par cette structure de la capitale. Néanmoins, la situation inquiète les responsables de la direction générale de la famille et de la cohésion sociale, d'autant que le SOEMO fait face à la montée de la délinquance mais aussi au vieillissement de son personnel. En 2012, plusieurs responsables et pédagogues partiront à la retraite sans avoir pu faire bénéficier de leur expérience puisque leur relève n'est pas assurée. Ceux qui vont les remplacer se trouveront face à eux des problèmes liés aux enfants nés de parents repentis, de mariages coutumiers et ceux qui sont adoptés par des familles. «Il m'a fallu des mois pour régler un problème de trois enfants issus d'un mariage coutumier dont le père refusait de les porter sur un livret de famille. Il a fallu l'intervention de la justice pour que les enfants soient reconnus et aient un nom afin qu'ils puissent passer leur examen de la sixième année», explique ce responsable du SOEMO de Ain Defla. D'autres intervenants déplorent aussi le fait qu'ils travaillent sans structures d'accueils, ni téléphones, pour pouvoir accueillir les familles des mineurs dans la discrétion. «Il nous arrive souvent de recevoir les parents des enfants en danger moral dans la rue. Cette situation ne nous permet pas d'accomplir notre mission surtout pour le psychologue qui tente de comprendre les raisons qui font qu'un enfant bascule dans la délinquance et d'y apporter les solution», explique cette chef de service du SOEMO de Boumerdès qui pose la question aux responsables de savoir si quatre éléments du SOEMO pourront couvrir toute la wilaya.