Le patrimoine filmique connaît un nouveau mouvement dans sa mise en conservation. Ainsi, plus de 5.600 films ont été extraits de vieux entrepôts humides de la cinémathèque pour être transférés vers la Bibliothèque nationale d'Algérie où un espace adéquat pour le stockage des pellicules est installé, apprend-t-on auprès du Centre algérien de la cinématographie (CAC). Cette nouvelle opération de sauvetage et de transfert de près de 20 000 pellicules datant depuis les années 1950 remet de nouveau en question certains normes de conservations dans dépôts de l'ex cinémathèque. Désormais, c'est au sein de la bibliothèque nationale qui répond le plus aux critères universels de conservation en termes de température et climatisation. Pour le moment, la préservation du patrimoine filmique des longs métrages se fait par un traitement chimique dans les dépôts vétustes de Debussy et Bab El Oued ainsi qu'à la salle de répertoire de Blida. Aussi, cette initiative, lancée dans le but de sauvegarde et de protection du patrimoine filmique du CAC, et qui nécessite des boîtes spéciales pour couvrir les films, se poursuivra-t-elle jusqu'au transfert de la totalité des archives. Les pellicules seront répertoriées dans les fichiers informatiques dans le but de faciliter la recherche et compléter ainsi la base de données de la Cinémathèque, pour une meilleure réalisation d'un catalogue complet des archives filmiques. La prise en charge scientifique de conservation des archives filmiques a permis de mettre en branle un mécanisme de soutien dans les travaux de restauration de tout le patrimoine cinématographique. "La conservation des films est une tâche complexe et nécessite beaucoup de délicatesse. Pour la réussir, il faut faire appel à des experts et spécialistes et prendre le temps nécessaire", estimant que la restauration du patrimoine filmique contient des points de croisement avec celle du patrimoine matériel. Un responsable au CAC fait savoir que le nombre de films endommagés par le "syndrome du vinaigre", une sorte de décomposition chimique qui affecte les pellicules en triacide de cellulose, est estimé à près de 300 films. Ces films n'ont pas été jetés ou détruits, mais plutôt mis en quarantaine pour ne pas contaminer les films en bon état, en attendant d'entamer les opérations de récupération et de traitement, a-t-il ajouté, rappelant que la durée de vie d'un support filmique en triacide de cellulose varie de 50 à 100 ans. Par ailleurs, le CAC prévoit de rafraîchir et de numériser 20.000 affiches de grands classiques de cinéma, dont certaines sont peintes à la main, ainsi que des photographies prises lors des différents tournages des tout premiers films.