Le patrimoine de la Cinémathèque algérienne aura une nouvelle adresse : le septième étage de la bâtisse qui abrite la Bibliothèque nationale (BN) du Hamma, à Alger. L'endroit est jugé approprié pour abriter des archives éparpillées jusque-là entre les dépôts de Debussy, de Bab El Oued et du siège de la wilaya à Alger ainsi que la salle du répertoire de Blida. Selon Ahmed Benkemla, directeur du Centre algérien de la cinématographie (CAC), qui a animé hier un point de presse à la Cinémathèque d'Alger, l'opération de transfert des archives peut durer six mois. « Nous avons déjà transféré 700 films. A la BN, la climatisation et l'humidité répondent aux normes pour stocker des pellicules. Grâce à un logiciel, les films sont répertoriés dans des fichiers informatiques pour faciliter la recherche plus tard », a-t-il annoncé. L'opération, qualifiée de sensible, est menée en collaboration avec des experts français du Centre national de la cinématographie (CNC). « Nous sommes liés par un accord portant sur la coproduction et sur la coopération dans les domaines techniques », a précisé A. Benkemla. Antoine Langelois, technicien spécialisé en inventaire et en archives, a expliqué les procédés de traitement des supports filmiques. Les pellicules à nitrate, dont la production a été suspendue dans les années 1950 à cause de leur dangerosité, ne sont pas concernées par le transfert. « Elles subiront un traitement spécial. Ces pellicules sont sensibles à la chaleur et sont auto-inflammables. Elles ont les caractéristiques d'un explosif », a-t-il relevé. Les pellicules en triacétate de cellulose sont déteriorées par « le syndrome du vinaigre », une décomposition chimique. Les films en polyester (un dérivé pétrolier) sont les moins touchés par les mauvaises conditions de conservation. Le taux de déchets est estimé à 30%. A. Benkamla a reconnu l'inexistence d'un inventaire chiffré du patrimoine de la cinémathèque, mais estime le nombre de longs et courts métrages à 10 000. Durant la période de transfert, la programmation des films dans les salles de répertoire sera gelée. Le dépôt à la BN est temporaire ; le transfert définitif se fera vers le complexe cinématographique qui sera bâti à la périphérie d'Alger. « Le terrain est déjà dégagé et l'étude va bientôt être lancée. Le complexe sera composé, entre autres, de blocs pour les archives, de laboratoires et de studios », a précisé le directeur du CNC. Selon lui, la rénovation de la Cinémathèque d'Alger, qui a pris du retard en raison des procédures administratives, sera achevée avant la fin 2009. L'ouverture des plis des offres se fera le 24 du mois en cours. Le respect des délais est l'un des critères retenus dans le cahier des charges. « La prochaine grande salle sera complètement différente sur tous les plans. La petite salle, elle, sera supprimée au profit d'un hall d'exposition. Il viendra en complément du Musée d'art moderne qui est de l'autre côté de la rue », a indiqué A. Benkemla. D'après lui, la réhabilitation de la salle de répertoire de Béjaïa sera terminée dans un mois. Les salles d'Oran, de Tiaret et de Sidi Bel Abbès ont déjà été rénovées. Toutefois, des problèmes se posent encore pour le lancement des travaux de réhabilitation des salles de Annaba et de Tizi Ouzou. Le ministère de la Culture envisage de récupérer, auprès des collectivités locales, plusieurs salles mal gérées après concession au privé ou abandonnées. A titre d'exemple, les salles En Nasr et Cirta (fermée pendant dix ans) de Constantine sont désormais gérées par le département de Khalida Toumi. D'autres seront, selon le directeur du CAC, reprises par le ministère à Batna, Tébessa, Béchar et Saïda.