Capitale du sud ouest algérien, Bechar, ville moderne, est l'une des régions les plus attrayantes du sud. Elle est située à 950 kilomètres au sud ouest d'Alger, la capitale. Un décor fait de paysages multiples où s'incrustent, tels les joyaux d'un collier, les palmeraies et les ksour de l'antique cité. Il ne faut pas se fier à une carte. Pour aller à Bechar, les avions d'Air Algérie passent par…. Tindouf située près de 900 Kms plus au sud. La cherté du billet devenu inaccessible à la majorité des habitants fait rabattre sur les bus qui relient la région du sud- ouest au reste du pays. Ont-t ils vraiment tort ? Air Algérie a sans aucun doute ses raisons d'ordre économique mais le client ne doit-il pas rester roi ? S'il n' y a rien à dire sur la gentillesse et la disponibilité du personnel navigant ou au sol, les horaires et l'itinéraire sont par contre pénalisants. L'avion qui permet de gagner du temps devient le meilleur moyen d'en perdre. Ne croyez pas, naïfs d'ici et d'ailleurs qu'en une heure et demie, vous pouvez rallier Bechar à partir d'Alger. N'est-il pas un tantinet cynique ce «bonne nuit» de l'hôtesse à l'adresse d'un voyageur, qu'on lâche c'est le mot approprié à trois heures du matin. L'entend- il lui qui pense plutôt comment relier la ville ? S'il peut y avoir encore aux abords de l'aéroport de «clandestins noctambules» qu'on consent à payer plus, quel hôtel peut-il vous ouvrir ses portes à cette heure indue? Quelle famille peut-elleprendre ainsi les risques d'arriver dans une ville où tout est fermé? Qui songe encore à l'intérêt du client qu'on trimballe ainsi dans les airs ? Les vols ne sont prévus que deux fois par semaine au delà de 23 heures. En principe, avec les retards prévus et acceptés, on débarque à Alger ou Bechar deux heures après. C'est sans compter sur ce détour par Tindouf qui prolonge le voyage de deux heures supplémentaires, en comptant l'escale. Les bus qui empruntent les routes, même s'ils sont plus longs ont l'inestimable avantage de faire découvrir le pays. Eux au moins, préfèrent durant la nuit, rouler que faire rouler le client. LE TRAIN DU DÉSERT Rien n'est plus triste qu'une gare vide. Celle de Bechar n'accueille même plus les locomotives qui, il y a quelques années encore, transportaient céréales et carburants. On n'y entend plus le sifflement du train. Celui qui à partir d'Oran mettait presque une journée pour arriver à Bechar a été supprimé. On l'appelait le train du Farwest. On ne pouvait pas certes le rattraper comme en a couru la légende mais l'ensablement de la voie étroite ralentissait son avancée. Il a été supprimé au début des années 90 pour des raisons de sécurité. Seuls quelques agents sont en poste. «On nous fait appel souvent d'Oran, les mécaniciens, les chefs de trains pour ne pas perdre la main» nous dit l'un d'entre eux. On attend maintenant un train moderne. Il pourra rouler à une vitesse de 150 à 160 Kms/heure. «La rénovation du rail ici est le projet du siècle» pour le wali de Bechar. Sur 340 kilomètres reliant la ville à Mécheria, les travaux vont bon train pour moderniser et élargir la voie. C'est le président de la République qui avait lancé les travaux en 2004. Un groupement d'entreprises étrangères de France, d'Egypte et Cosider est engagé dans ce projet. Les crues de oued Zoufzana en 2008 avaient certes ralenti ensuite le rythme des travaux. Des tronçons de rail avaient été emportés par les eaux. «A quelque chose malheur est bon» tempère le wali qui nous explique que : «depuis, on a tenu compte de ce risque». Sur les 140 kilomètres qui traversent la wilaya de Bechar, il ne resterait plus qu'à poser des rails sur une distance de 54 kilomètres. Le ministre des transports, M Tou devra se déplacer le 20 du mois en cours pour inspecter ce projet qui impulsera une dynamique socio économique pour toute la région. Pour conforter ces ambitions, on compte aussi sur la réception de la cimenterie de Benziregue. Située à 50 Kilomètres au nord de Bechar, elle est réalisée par Sonatrach et un partenaire étranger. Le coût du projet est de l'ordre de 150 millions de dollars. Elle est destinée à produire 1000 tonnes de ciment blanc et devrait entrer en production cette année. On compte beaucoup sur ces infrastructures pour fixer davantage de populations dans une région sensible et créer une dynamique économique.