Boghni, au pied du Djurdjura, reste l'une des localités les plus dynamiques de la wilaya de Tizi Ouzou. Elle est célèbre surtout pour ses biscuiteries et chocolateries. Il fut un temps où la proximité de la station climatique de Tala Guillef en faisait également une halte obligée sur les chemins des vacances. Elle a pourtant acquis une détestable réputation ces dernières années. Les routes sinueuses qui y mènent sont parsemées de lieux où les groupes terroristes qui écument les forêts proches de Boumahni ont achevé de noircir le tableau. La ville et alentour ont enregistré de nombreux actes terroristes et les kidnappings se sont multipliés. Ce n'est pas loin que l'ex-président de l'APW de Tizi Ouzou, M. Aïssat et un député du FLN ont été assassinés. Certes, les opérations des forces de sécurité n'ont jamais cessé et les maquis de la région ont été ratissés de fond en comble. Zone de transit et équidistante des maquis de Bouira et pas lointaine de Sidi Ali Bounab, sa topographie est un facteur qui a aidé à l'implantation terroriste. Une nouvelle donne a émergé ces derniers jours après que les villageois de la région se sont élevés comme un seul homme pour refuser le diktat terroriste. L'exemple des habitants d'Issenadjene, qui avait défrayé la chronique en octobre dernier, semble faire tache d'huile. Ils refusent que de simples citoyens soient enlevés sans que nul ne bouge le petit doigt. Les citoyens ne veulent pas se laisser faire, assister impuissants au chantage. Certes, depuis des années les patriotes ont montré la voie à suivre. Seuls pourtant ce sursaut salvateur, cette généralisation de la conscience du danger que constituent ces terroristes peuvent devenir un coup de grâce. Longtemps, les derniers groupes, réduits par la pression des services de sécurité à s'en prendre à de paisibles citoyens pour se renflouer en moyens matériels et financiers, ont bénéficié de l'indifférence des habitants. Chacun cherchait à se préserver avant tout. Mais le danger est suspendu sur la tête de tout un chacun. Il ne faisait pas de différence. Personne n'était à l'abri d'un attentat. Fatalement, le sens communautaire, valeur centrale depuis des siècles, a fini par ressurgir et se présente désormais comme un autre rempart contre le terrorisme qui a fait tant de mal au pays. Privés de la complaisance de beaucoup de citoyens qui ont cru naïvement qu'ils gagneraient ainsi tranquillité, les terroristes, qui continuent à circuler sur les contreforts montagneux et boisés, seront à la merci de cette mobilisation.