La grande bleue charme de nouveau. Aïn El Turk s'étire et se refait une beauté. Entre rivages et verdures, Aïn El Turk ne veut plus «dormir» pour oublier sa léthargie des années 92-2000. Elle s'offre dans toute sa splendeur comme Bousfer, Cap Falcon, Bouzedjar, les Andalouses...sans limites. Abdelbaki, en tricot de laine, déballe les palettes de dalles de sol de la cabine d'une fourgonnette qui laisse un nuage de fumée avant que le chauffeur n'arrête le moteur. Il est à peine 7h30 en ce dernier jour du mois de mars et les différents travaux d'embellissement sur le tronçon Oran-Aïn Turk atteignent déjà un bon rythme. «On commence à 7 heures pour éviter le soleil» affirme «Baki». Ce jour, la «boule» jaune joue à cache-cache avant de se révéler dans toute sa luminosité vers 10h30. Les ouvriers suent. Le léger vent après «sa» violence de la nuit oblige les manœuvres à balayer les trottoirs avant le bitumage et la pose des dalles. La côte oranaise, de Mers El Kebir à Aïn-Turc en «décrochant» sur Bousfer s'affaire aux confortements tous azimuts. «La région veut retrouver son lustre d'antan et pas spécialement pour les besoins de la saison estivale» estime un gérant d'un grand hôtel qui se remémore les périodes «misérables» des années 90-2000. «Aujourd'hui, enfin depuis 6 à 8 ans les autochtones de la région reviennent et se réinstallent. Nombre d'entre eux ont repris des investissements. L'espoir renaît et stimule des gens du patelin». Face à l'hôtel Eden, Hamou travaille à la tâche la pose des bordures, lui, est peintre. Il décape un portrait rouillé. Des décors de petits chantiers dans tout Aïn-Turk. le superbe CREPS (Centre de Formation Supérieure des cadres du Sport) respire la performance et suscite l'intérêt chez beaucoup de jeunes étudiants-sportifs pour une carrière dans le domaine. Entre le bleu d'une mer qui s'allonge et le vert du mont «Moula Abdelkader» qui s'étire jusqu'à Santa Cruz Aïn Turk et ses stations balnéaires voisins grossistes, les quartiers se rapprochent. Avant les rushs de l'été, la rocade du littoral vit le calme. Nombre de familles d'Alger et d'autres wilayate limitrophes d'Oran s‘y rendent pour des week-end d'évasion. «Je suis parti en catastrophe, un matin de novembre 93, pour Témouchent vivre chez mon beau frère. J'ai abandonné ma maison et mon commerce en me contentant de la confiance de mes voisins. Je suis revenu en 2001 à Aïn Turk. Les travaux de confortement m'ont coûté plus de 100 millions de centimes. Le prix pour chasser les odeurs de roussi, du renfermé et de l'humidité en plus de la rouille qui a ravagé ma maison. Aujourd'hui, je retrouve la quiétude dans Aïn Turk de la naissance de mon grand père, de mon père et de mes enfants» rassure Ali Youcef, un commerçant faisant la navette quotidienne Aïn-Turk-Mostaganem. De mai à septembre, l'appel de la grande bleue et la générosité du soleil conjugués, Aïn-Turk, à l'instar des villages côtiers, vit au rythme de tous les plaisirs. D'octobre à Avril, cette cuvette entre rivages et pieds de la montagne, retourne à son train-train quotidien. A son intimité. Hôtels et restaurants sont aux liftings. Dans certains hôtels les réservations pour l'été sont déjà enregistrées. El Yemama trône et s'offre de loin à la vue. Le palace Eden, El Ayoun, ne s'en cachent pas. Echems, The Sun House ou le Djawhara restent des sites touristiques très privés par les estivants. Certains hôtels n'attendent que les autorisations de réouverture. «Nous avons réglé nos litiges» affirme un propriétaire d'un hôtel.«Ayoun» El Turk (les fontaines turques), un village côtier berbère qui a connu les invasions des janissaires turcs a vécu aussi sous domination française dès 1840 et reçut le statut de commune en 1867. La brise marine se fait, presque, glaciale aux environs de 19 heures. Là haut, Santa Cruz laisse encore passer quelques rayons d'un soleil qui vire au rouge. Un couple range ses affaires dans la malle d'une 307 à la plaque minera logique de Batna (05). «C'est décidé, nous reviendrons avec notre fille étudiante, passer 10 jours ici à Aïn El Turk».