Des Andalouses à Madagh, la beauté s'apprécie au bout d'une longue marche parfumée aux senteurs de l'air marin. Munis d'une large serviette et de nos lunettes de soleil, nous sommes allés traîner sur les rivages que compte la corniche oranaise. La route coupe les falaises en deux et offre un panorama complet qui va du haut de la Pêcherie à l'entrée de Aïn El Turk. Il faudra s'armer de patience et de vigilance au volant pour pouvoir atteindre les plus belles plages. Madagh : retenez bien ce nom, car cette plage est l'une des dernières portions non urbanisées du littoral oranais. Elle est le dernier point d'un joli sentier littoral qui mène à Aïn Témouchent voisine. Pour découvrir Madagh, un parcours balisé s'offre aux estivants : mythique et réputé, ce chemin de wilaya longe le littoral et court à travers le maquis et ses effluves de romarin, de lavande sauvage, de fenouil, d'asphodèles et d'arbousier. Avant d'arriver aux plages, l'on peut marquer une précieuse halte au milieu d'un généreux terrain forestier aménagé en aire de pique-nique : « J'apprécie cet endroit. C'est agréable et ce n'est pas trop fréquenté », dit une dame visiblement fascinée par les lieux. Situées un peu à l'écart, les deux plages de Madagh sont en crique et ressemblent à de petits cercles de sable et de gravier fins et qui n'en ont pas moins une solide dose de charme. Avec ses deux plages en croissant de sable, l'endroit est à la fois sauvage et peu profond. Soleil, exotisme et sable fin… Une exaltation pour les familles ! A Oran comme à Beni Saf, à Arzew et partout ailleurs dans le littoral de l'Ouest, le 15 août marque la grande fête de l'été. L'événement est, en effet, célébré de fort belle manière au complexe touristique des Andalouses, (20 minutes de Madagh). Cheba Kheïra était bel et bien là et a envoûté la foule durant la soirée. Une soirée épicée par des airs folkloriques signés par une troupe du sud d'Ouled Naïl. La tradition veut que la journée du 15 août marque le summum des festivités de la saison estivale. Effectivement, le lendemain aux Andalouses, les premières vagues fort agitées viennent de marquer l'irruption d'une journée grise aux airs des toutes premières sensations automnales. La fréquentation estivale commence alors à piquer sérieusement du nez. Grise et austère, cette journée est loin de connaître le rush coutumier des estivants. La mer est fort agitée et les maîtres nageurs sont sur le qui-vive dans leurs postes avancés. « Il y a eu des noyés dans les plages non surveillées près de Bomo et de Bousfer, mais, ici, à ce jour, c'est calme. Il est des journées où je ne compte plus le nombre de fois où j'ai intervenu pour retirer des baigneurs en difficulté sous les eaux », dit au coin des lèvres un maître nageur. « Notre seul souci, enchaîne-t-il, c'est les jet-skis. Ils ont déjà blessé trois enfants. » Derrière ce poste avancé de surveillance, un plagiste s'affaire à traquer le moindre déchet jeté sur le sable. La plage est bel et bien propre, mais notre plagiste n'est pas content et il le fait savoir : « J'ai eu en concession ce bout de plage à 19 millions de centimes. Mais la commune d'El Ançor ne nous facilite guère la tâche. Il faut attendre une semaine pour voir enfin passer le camion municipal de ramassage des déchets. Nous sommes donc obligés de louer chaque jour des engins pour l'enlèvement des ordures », se plaint-il. Il est midi, à quelques mètres d'ici, une famille s'affaire à dérouler du papier aluminium pour déjeuner. « Ici, un ravitaillement s'impose. La bouffe dehors est déconseillée », conseille une dame qui semble indifférente au défilé incessant des vendeurs de beignets fourrés à la confiture. En revanche, la famille n'a pu résister à la dégustation du thé à la menthe ingénieusement préparé à la manière targuie par Messaoud, venu de Ouargla pour travailler ici. Plus loin, d'autres familles s'ajustent pour prendre la meilleure photo sur un dromadaire. « 300 DA », propose son propriétaire. Contrairement à Madagh, Aïn El Turk et ailleurs, la plage des Andalouses a dû s'adapter à l'envolée d'une demande si rapide que les infrastructures se révèlent vite insuffisantes. « Nous avons réalisé 17% de plus en termes de fréquentation par rapport à l'an dernier. Nous sommes passés de 30% en juin à 80% en juillet avant que le complexe ne frise les 120% du taux d'occupation en août ! Des bungalows conçus pour 4 personnes ont accueilli des familles de 6 voire 8 membres. Nous avons dû apporter des lits supplémentaires pour faire face à la demande », observe Hacène Bahlouli, DG de l'EGT Andalouses, un complexe touristique deux étoiles, propriété d'Etat, du groupe Gestour. « 80% de nos clients sont des émigrés. Pourtant, la Coupe du monde a beaucoup grevé leur budget des vacances », commente ce gestionnaire. Le complexe veut reconquérir sa « très forte notoriété » d'antan. M. Bahlouli, qui dirige depuis trois ans ce complexe, mise sur la rénovation. Entamée il y a trois ans, la restauration a pour objectif de relancer ce complexe. Aujourd'hui, cette unité touristique publique part avec des profils fluctuants : les tarifs sont passés de 9 millions de centimes la location d'un bungalow pour le mois juin à 23 millions en août en passant par 14 millions de centimes en juillet. Les chambres sont louées à 3700 DA la nuitée. Le complexe a dû sous-traiter avec un opérateur privé spécialisé dans les loisirs d'été. Des loisirs qui vont de la culture aux sports nautiques « Nous proposons, par exemple, de la plongée sous-marine, de la planche à voile... », dit-il. En dehors du complexe, la plage se vide quasiment vers 20 h. Il faut maintenant supporter le casse-tête des embouteillages au retour. Les klaxons des files de voitures marquent le passage dans le tunnel qui semble faire office d'une porte Ouest d'Oran. L'odeur des poissonnières de la pêcherie marque la fin d'un périple d'une longue et agréable journée estivale.