Le conseiller auprès du président de la République, le sociologue Abdelkader Djeghloul, est décédé jeudi matin à l'âge de 64 ans des suites d'une longue maladie. La dépouille mortelle du défunt est arrivée hier après-midi à Alger. Une cérémonie de recueillement en hommage au défunt a été organisée au salon d'honneur de l'aéroport international Houari-Boumediene, en présence de ses collègues de la présidence de la République, de membres du gouvernement et de plusieurs personnalités nationales, ainsi que de ses amis et des membres de sa famille. Le défunt sera inhumé aujourd'hui au cimetière de Ben Aknoun après la prière du dohr. Abdelkader Djeghloul était un intellectuel engagé, sa vie durant, mettant son érudition au service de l'université algérienne pendant plus de trois décennies. Sociologue, anthropologue et psychanalyste, Abdelkader Djeghloul a été l'un des universitaires pionniers qui ont contribué à faire connaître la sociologie et comptait parmi les intellectuels qui ont permis une meilleure compréhension du phénomène sociétal particulièrement durant la période où il animait le Centre de recherche et d'information documentaire en sciences sociales et humaines à l'université d'Oran (CRIDSH). Abdelkader Djeghloul s'était employé toute sa vie à diffuser la connaissance à l'université d'Oran Es-Senia et participait à enrichir le débat social par ses réflexions à travers les médias. Il était devenu non seulement une référence grâce à son talent universitaire mais aussi une plume que les journaux nationaux et étrangers trouvaient utile de consulter pour un avis ou bien de solliciter pour un article. Prolifique, Djeghloul l'était à bien des égards. Il a irrigué par ses réflexions et analyses, des colonnes avec l'art d'un ciseleur. Il gagna alors en notoriété pour développer encore ses recherches et ses écrits, apportant, avec la sensibilité qui était sienne, une rigueur dans l'analyse des phénomènes sociologiques. Traumatisé par la décennie noire, très affecté par la perte de collègues, traqué comme beaucoup d'autres, il choisit, à contre cœur, un exil heureusement très court pour reprendre encore et encore la réflexion et la plume. Kader, pour ses intimes, avait aussi, ce qui n'est pas rien, le goût du débat, ne négligeant aucune piste, prêt à rebondir quand il faut pour «croiser le fer» avec politesse et force arguments lorsque le débat l'opposait aux téméraires d'une sociologie éculée. Il était jusqu'à la moelle un intellectuel hors du commun, jalousement accroché au monde universitaire et celui des médias qui représentaient sa deuxième famille. Homme de rigueur et de conviction, il a incarné la nouvelle génération des sociologues ayant à cœur une réalité nationale ouverte sur l'Autre. Un de ses proches amis le confiait à l'APS après l'annonce de son décès. «Abdelkader Djeghloul avait l'âme d'un juste en quête de vérité. Il n'avait pas terminé son travail mais que pourrait-on face à la volonté divine». Abdelkader Djeghloul laisse de riches éléments biographiques. Il a été l'auteur de plusieurs ouvrages dont «Littérature algérienne», «Eléments d'histoire culturelle algérienne» et «Trois études sur Ibn Khaldoun», publiés par l'Enal en 1984. Il a été également auteur de huit études sur l'Algérie, publiées par l'Enal en 1986, «Histoire, culture et société» publié par l'Anep en 2004, «Tahar Djaout, fragments d'itinéraires journalistiques» avec comme co-auteur le regretté Mostefa Lacheraf également publié par l'Anep en 2004 et enfin de «Hamdane Khodja à Kateb Yacine» publié par Dar El Gharb en 2004.